Cette semaine c'est l'ouverture des Francos. Genre, après-demain. C'est Ariane Moffatt qui part le bal. Pis Ariane, même si elle a fait La Voix, on l'aime quand même. Et c'est drôle, mais ça ne fait pas nécessairement partie de mes plans, d'aller la voir. Pourquoi? Parce que j'suis blasé. Un Montréalais à qui on a trop donné, à un point qu'un spectacle extérieur gratuit ne lui fait plus l'ombre d'un effet. Et j'habite Verdun, à quelques minutes de vélo du quartier des spectacles. Rien du tout à mon agenda, en plus. Libre, ce soir-là.
Je pourrais y aller, mais toujours indécis et décidé à livrer mon sort au feeling du moment. On verra, en temps et lieu.
Ça me fait peur. J'me suis toujours promis de ne jamais devenir ce Montréalais-là. Devenir comme cette femme que j'ai croisée, alors que j'habitais encore dans les Basses-Laurentides, quand je sortais du train de banlieue. Elle rendait visite à sa mère pour Pâques. Jour férié, les transports en commun passaient aux heures. Elle s'est mise à engueuler les chauffeurs d'autobus des autres circuits, présumément responsables de son MALHEUR. Elle devait attendre une heure. Elle a rappelé 3 fois son taxi parce qu'il ne s'était pas pointé en moins de 5 minutes. Et entre trois engueulades, elle revenait me dire à quel point c'était pas possible d'habiter cet endroit sans voiture. Ah et, comme elle avait remarqué ma jeunesse, elle en a profité pour me parler d'Ubisoft et Sid Lee. Bravo pour les références.
J'avais senti qu'elle représentait tout ça. La Montréalaise qui ne fait rien avec tout, et donc, se voit incapable de tout faire avec rien quand il se présente. Of course, dans mon imaginaire, je lui prête des intentions, mais c'est parce que je connais tellement de gens comme elle.
J'y repense à chaque fois que j'me sens trop paresseux pour aller voir c'qui provoque un tintamarre festif sur Wellington, par exemple. Ah ouin, y'a un show intime dans une ruelle? Cool, mais… Une autre fois.
Je devrais pourtant avoir hâte aux Francofolies. Quand j'habitais une petite ville dans le 450 nord, même si Les Respectables se donnaient sur une scène immense à 2 pas de chez moi, je m'y rendais. Ne serait-ce que pour observer le quartier vibrer et profiter du break qu'il s'offre. Je déteste pourtant Les Respectables.
Et j'suis toujours un peu étonné quand des amis, Montréalais depuis plusieurs années/toujours, m'apprennent qu'ils n'ont jamais mis les pieds au Jazz Fest. Ou encore, je m'imaginais naïvement que tout Montréalais de naissance avait déjà rendu visite au moins une fois à toutes les stations de métro, toutes lignes confondues.
Dans mon imaginaire de gars de p'tit village, ça m'apparaît inconcevable qu'on n'ait pas testé toutes les stations, depuis l'temps. Ça me déçoit de me voir blasé à force de tout avoir à ma portée. J'pense qu'un jour, j'vais juste partir pis sortir à toutes les stations, explorer chaque quartier, pour être certain de ne plus jamais me reconnaître en cette dame.
Je me déteste.