Parmi les gens qui me gossent le plus sur le web arrivent toujours au top d'la liste ceux qui, comme moi, émettent des opinions. C'est ridicule, je sais. Mais je ne suis pas moins gossant pour autant.
À force d'observer l'univers de l'autre, on en vient à lui prêter 1000 intentions, lui imaginer une vie qui n'est probablement pas la sienne. On reste sur des impressions à partir d'un truc qu'il aurait pu maladroitement écrire et/ou de manière trop arrogante pour notre ego. Son identité virtuelle nous agace tellement, on le sent prétentieux (NON MAIS Y S'PREND POUR QUI?), mais pourtant, il ne fait que partager son opinion.
Complètement irrationnel. Et il est là le piège, celui dans lequel plusieurs collègues tombent: confronter celui qui émet une opinion en s'en prenant à sa personnalité/ses intentions. Bro, sauf s'il y a des failles au niveau factuel ou un cas évident de malhonnêteté, t'as 75% (rien de scientifique) de chances de frapper dans l'vide. L'idée qu'on se fait des gens à travers du peu qu'ils nous offrent n'est crissement jamais fondée.
Et pour ceux qui nagent dans des piscines de mauvaise foi, sachez qu'il existe pour eux le niveau 2 du piège. Celui-là, il empêche toute personne gossée de faire la part des choses et/ou de déceler l'ironie. Tout sera interprété de manière à c'que l'infâme en question reste à l'image de c'qu'ils entretiennent de lui: un crétin prétentieux qui tape sur les câlisse de nerfs. Et bien des fois, ça donne de bien beaux billets fallacieux d'opinion de journaliste qui ne sait plus lire, dans divers magazines et journaux. Outch. Pas super.
Et pourtant, j'ai toujours trouvé que donner son opinion se voulait être un geste souvent plus risqué que prétentieux. Évidemment, comme dans tout risque, il se peut que ça s'avère bénéfique. Mais c'est pas improbable que tu t'plantes solidement non plus. Personnellement, je perçois comme davantage condescendant celui qui s'abstient de commenter au moment le plus fort d'un débat, qui l'observe en silence et sort de son buisson pour attaquer sournoisement, une fois que tous les risques ont été pris, que tout a déjà été dit.
C'est pas parce qu'un chroniqueur d'opinion est le premier à donner son avis qu'il s'en sert nécessairement comme ascenseur pour s'élever au-dessus de tout le monde. Je ne voudrais pas parler pour les autres, mais dans mon cas, je carbure à ma propre insécurité. Le jour où je serai pleinement satisfait et confiant d'un texte que je viens de rédiger sera probablement le dernier.
Mais bon, émettre une opinion, c'est tellement outrageux. Surtout depuis l'éveil collectif partout sur la planète, on dirait que chaque mot est bin qu'trop symbolique et lourd d'importance.
Mais pourquoi alors, si tout le monde peut en avoir une, on peste souvent contre ceux qui promeuvent la leur? On aime les détester, on veille à ce qu'ils ne transgressent pas nos propres codes dans leur démarche plutôt opportuniste pour se faire entendre. Mais justement, il est où l'esti de prob? C'est pas ça le but d'écrire, se faire entendre?
Bref, le blogueur finira toujours par me gosser, mais chose certaine, je le garderai pour moi et ne me prononcerai jamais sur les intentions et motivations qui le poussent à écrire, pour la simple et excellente raison que je n'en ai aucune câlisse d'idée. On ne se connaît pas.
Je vous déteste.