J'ai quelques amis, c'temps-ci, qui m'laissent savoir à quel point ils envient mon lifestyle. Et ma vie, si tu veux savoir, elle n'a rien de spéciale. Juste du calme, juste du moi tout seul dans un #Verdun quasi-dépourvu de nightlife, juste du être bien avec soi-même pis personne d'autre sul' bord du fleuve St-Laurent. Ma vie c'est de pouvoir refuser 1000 invitations et savoir me câlisser des 5 à 7.
C'est ça mon mode de vie dernièrement, pis c'est ça que recherchent certains de mes amis. Ils me précisent mine de rien qu'au fond, ils sont comme moi, mais qu'c'est plus fort qu'eux: ils doivent se crisser la face partout pour être certains de ne rien manquer pis connaître et entretenir des relations avec tout l'monde pour ne pas qu'on les oublie.
Mais moi j'finis par t'oublier, man. Comment tu penses que j'te vois, quand on t'invite à prendre une bière et qu'tu dois nous consacrer à peine 25 minutes parce que t'as déjà appelé un taxi pour aller rejoindre d'autre monde sur un autre coin d'rue? Déjà que t'as fait l'tour du bar pour vérifier si y'avait pas des gens qu'tu connaissais. Ta présence, j'm'en câlisse un peu si t'es pas pour prendre ton temps. J'te trouve ridicule parce que t'es là, angoissé, à nous dévoiler involontairement ton plan marketing.
Pis t'es tellement prévisible. Ta liste d'amis pis de connaissances c'est du gros shameless namedropping malgré toi. Oui oui, même s'ils font désormais partie de ton entourage. Tous des gens dont on entend parler parce qu'ils sont D.A en agence de pub, réalisateurs, auteurs, humoristes ou dans un band du moment. Tous des gens qui, avant même que tu les connaisses, je savais que tu finirais par connecter avec eux. Parce qu'ils sont comme toi, c'est d'ailleurs pour ça que leurs noms sont sur les lèvres.
Tu veux savoir c'que t'es? T'es du SPAM. Un pourriel. Un tabarnack de Publi-Sac. T'es le rappeur maladroit qui copy-paste son compte twitter sur la page Facebook de tout l'monde. C'est toi ça.
J'aimerais ça sentir des fois que j'pas qu'un contact, qu'une manière détournée pour éventuellement te trouver une job dans l'domaine. Ça m'gosse quelqu'un qui connaît tout l'monde. J'les aime exclusifs, mes amis. Ça me permet de mieux focuser, donner de l'importance aux bonnes personnes.
#lesgens comme toi ne se gênent plus maintenant. Ils viennent à nous pis se créent carrément un réseau à partir de notre entourage et/ou liste d'amis Facebook. Au départ on les croit sincères, mais on décèle rapido leurs intentions. Pis BANG. Deux semaines plus tard ils sont partout, avec des gens qu'on connaît, interagissent publiquement avec chacune des nouvelles amitiés virtuelles.
J'me souviens d'cette fille qui était venue me voir dans un 5 à 7. Elle m'avait reconnu pis s'était mise à me parler de personnes clés, des gens que je connaissais vaguement. Pendant 30 minutes. Pis c'est là qu'un dude qu'elle venait de namedropper traversait la salle. Je lui ai fait signe de venir nous voir. Awkward moment, il ne la connaissait pas du tout. J'ai réalisé qu'elle avait rempli une demi-heure à me jaser d'influenceurs à qui elle n'avait jamais parlé. C'était assez creepy, en fait.
Creepy de savoir que pour des gens, on figure sur une liste de noms à retenir. Et même si, indeed, c'est intelligent de faire du repérage, je pense qu'on devrait parfois revoir la minceur de la ligne qui sépare nos relations professionnelles et sociales. I did pis j'suis crissement mieux. Sans toi.
Je vous déteste.
