Critique du film «Les bruits du voisinage»: une carte postale ennuyante d’un Brésil contemporain
Dustin Ariel Segura SuarezPrimé entre autres au Festival du cinéma latino-américain de Montréal et au Festival de Rotterdam, le premier film de Kleber Mendonça Filho, O som ao redor (Les bruits du voisinage), s'avère être un bien ennuyant (quoiqu’intelligent) portrait de la société brésilienne qui nous laisse avec l'impression d’être devant une piètre copie d'Haneke croisée avec le Canicule d’Ulrich Seidl.
L'histoire se déroule au Brésil, dans la ville de Recife où l'on est entouré de très hauts édifices. On observe les habitants du lieu vaquer à leurs occupations quotidiennes. Le film se présente comme une métaphore de la situation actuelle au Brésil, qui progresse malgré un lourd passé d'esclavagisme. D'un côté on a les riches, de l'autre ceux qui servent les riches et en plein milieu, des messieurs qui s'improvisent gardiens de sécurité des lieux. Le rythme est lent. On passe des débuts d'une relation, au chien incapable d'arrêter de japper, à la mère qui fume ses joints en cachette (et qui se masturbe avec un coin de laveuse), au vol d'un lecteur CD, au vendeur d'immeuble, à son père propriétaire de ces immeubles, au travail des gardiens et de leur impact sur le quartier, aux ennuyantes péripéties d'un ballon de foot…
Les bruits du voisinage n'est pas un raté; il y a bien pire. La mise en scène est correcte et il y a quelques beaux moments, sans plus. Mais on se demande souvent où les dénouements vont mener. Les personnages et leurs tranches de vie ont été ficelées de manière assez maladroite (peut-être à vouloir trop surcharger les doubles sens des actions renvoyant avec le passé) avec trop de détournements d'attention qui ne s'avèrent pas être grand chose.
Les cadrages sont beaux. Les acteurs sont justes. Le gros moins vient surtout du montage qui ne laisse pas le temps de contempler, malgré le fait que le récit s'appuie sur la contemplation de la vie quotidienne de ses personnages. La forme se dissocie du contenu et c'est bien triste. Après, oui il y a un travail sonore, mais trop discontinu, alors l’intérêt de le souligner n’est pas là. À voir si vous voulez apprendre des mots en portugais (Bom dia, tudo bem?). Si le Brésil et son histoire vous intéressent, tournez-vous plutôt vers le cinéma de Glauber Rocha.
Les bruits du voisinage
En salles dès vendredi au Cinéma du Parc