Critique de «Only God Forgives» avec Ryan Gosling: spectacle visuel violent de haut calibre
Dustin Ariel Segura SuarezOn l’attendait avec impatience, cette deuxième collaboration Gosling – Winding Refn. La bande-annonce nous laissait présager le meilleur, mais voilà que le film est présenté au dernier festival de Cannes, sort en salles en France et aux États-Unis, et que plusieurs en profitent pour le décrire comme un bel objet vide et très décevant. Only God Forgives, c’est un genre de Drive avec un côté moins pop, dans lequel le réalisateur pousse encore plus loin son trip (trip lent, silencieux et hyper violent qui n’est pas sans évoquer son Valhalla Rising).
Billy (Tom Burke) se fait tuer après avoir sauvagement battu et violé une jeune fille de 16 ans. Sa mère à la peau de cuir (Kristin Scott Thomas), qui enchaîne les cigarettes, désespère, se fâche et demande à son autre fils, Julian (le très pretty Ryan Gosling), de venger la mort de Billy (fils aîné préféré, entre autres mieux membré). La suite de l'histoire, c’est surtout le chemin emprunté par Julian pour se rendre à Chang (Vithaya Pansringarm), figure autoritaire du monde policier et l’homme derrière l’assassinat de son frère. Julian lui demandera (naïvement) de se battre, alors qu’il avance dans l'histoire avec nonchalance, sans laisser aucune place à la peur, lui qui est résigné à subir son destin. Chang, de son côté, tente de trouver la personne responsable d’avoir mis sa tête à mort, mais non sans oublier le divertissement, en allant se donner en spectacle au karaoké devant ses troupes de temps à autre.
Le film suit la logique de l'utilisation de la vengeance à tout prix comme thème qui alimente la détermination surhumaine de ses personnages. Kristin Scott Thomas se donne à fond dans son rôle de MILF vulgaire et trop riche tandis que Ryan Gosling est assez juste (quoique par moments, son jeu donne l’impression d’être moins senti).
Nicolas Winding Refn effectue un travail de feu pour élaborer une mise en scène soignée et ça se sent (son chef opérateur, Larry Smith, est le même que pour Bronson, et c’était lui derrière le Eyes Wide Shut de Kubrick). Le résultat est réussi. Il construit une atmosphère de bleus et de rouges tout en stimulant lentement les tensions latentes, qui aboutissent en beauté (de sang) en fin de parcours. L’univers sonore est travaillé et on retrouve en écho les synthés chéris de Drive. Alors on se dit fuck off les mauvais commentaires et on se tape le trip sur grand écran, parce que c’est trop géant.
Only God Forgives
En salles dès vendredi