C’est alors qu’il était à son studio de Londres que j’ai rejoint Tricky par téléphone. L’homme qui se décrit comme un grand timide dans la vie est pourtant tellement volubile et allumé qu’en 30 minutes, j’ai eu peine à placer plus de trois ou quatre mots. Entrevue-jam, donc.
D’emblée, il confesse qu’il appréhende un peu son passage à Osheaga ce week-end:
«Quand on a juste une heure, une heure et demie pour faire un show, c’est pas mal plus difficile d’entrer dans la zone… normalement on fait un show de trois ou quatre heures. Et en plus, moi, je ne travaille jamais avec une setlist. Je trouve que ça manque de respect pour la foule, il faut savoir travailler avec eux aussi, y aller avec leurs envies et leur énergie. Le but n’est pas d’offrir simplement une performance, moi je veux aller quelque part et amener la foule avec moi. Même mon band le sait: ils doivent être à l’affût parce que des fois je fais un signe et ils doivent arrêter tout; puis, je pointe ma claviériste, et elle doit jouer seule. Et ainsi de suite.»
Chef d’orchestre? (Voilà deux mots de placés!)
«Exactement comme un chef d’orchestre. Sauf je suis vraiment ailleurs quand j’embarque sur scène: je deviens totalement intériorisé, parce que sinon c’est impossible pour moi d’être là et de sentir tous ces regards, toute l’attention. Je n’aime pas qu’on fête ma fête, je n’aime pas qu’on me regarde, je me sens mal à l’aise dans des situations comme ça. Mon band le sait aussi: c’est arrivé des fois qu’ils se sont mis à rigoler à propos de quelque chose, et j’étais certain qu’ils riaient dans mon dos, j’ai failli leur péter une coche sur scène!»
Pour voir Tricky être dans son intérieur, ses musiciens rester stoïques et voir un concert sans setlist prédéfinie, mais qui sera assurément intense, rendez-vous week-end!