J'ai lu le texte de Judith Lussier sur le blogue d'Urbania de la semaine dernière. Un billet qui n'a pas vraiment fait l'unanimité alors qu'elle ne faisait que partager comment elle se sentait quand elle portait sa p'tite robe d'été blanche, pour se rendre d'un point A à un point B. Elle relatait son malaise à se faire complimenter froidement, voire, se faire siffler sur la rue. Maintenant, elle évite de la porter. Essentiellement, c'était ça.
Sérieusement, on va s'le dire: en 2013, y'a aucune bonne raison pour qu'un dude arrête une fille sur la rue pour lui dire "Yo, t'es belle!". Du moins, aucune qui pourrait l'aider à paraître moins colon. Déjà qu'à la toute base, l'approche en soi sous-entend que le sexe approché est tombé dans l'oeil de l'approcheur. À moins d'une urgence, rien n'est laissé au hasard quand il s'agit d'entamer le dialogue avec une inconnue qui passait par là.
La vérité c'est qu'il existe 1000 façons de faire comprendre à une fille qu'on la trouve jolie sans avoir à lui garrocher en pleine gueule. À la place, on peut aller droit au but et l'inviter à prendre un café. Invitation qu'elle sera libre d'accepter ou non, et en prime, elle aura compris qu'on l'a trouvée de notre goût. La différence ici c'est qu'y'a l'effort de ne pas s'en remettre qu'à ses impulsions. Un humain qui réfléchit avant de sortir de sa bouche la première chose que ses instincts primaires lui ordonnent de dire. Un vulgaire "Yo, t'es belle!" démontre qu'y'a l'implication du courage, oui, mais rien d'autre. D'la même façon qu'un humoriste se contenterait d'être déguisé en femme sur scène mais qui n'aurait préparé aucun crisse de texte parce que de toute façon, il s'imagine que c'est déjà drôle de se travestir.
D'autant plus qu'avec l'arrivée des médias sociaux, aborder quelqu'un sur le trottoir seulement pour lui signifier qu'il est séduisant c'est aussi archaïque que d'aller cogner à la porte d'une connaissance sans l'en avoir avisé au préalable par téléphone/message texte/Facebook. C'est comme s'inviter brusquement dans la bulle d'une autre personne alors qu'on a pourtant redéfini les standards sociaux d'approche, au fil du temps. C'est pas qu'on est devenus froids, c'est juste que maintenant, on a le choix. On s'évite d'être perçus comme des esti de parasites.
L'ère de l'approbation instantanée (Facebook/Instagram)
Aujourd'hui, qui que tu sois, si t'as envie qu'on te trouve charmant, t'as qu'à uploader une photo sur Facebook/Instagram. Rendu là, t'observes et t'analyses les réactions. Il existe plusieurs codes pour déceler qui s'intéresse à toi. #lesgens, quoi qu'on en dise, adorent faire plaisir quand ils s'aperçoivent que t'as l'air bien. Ils vont liker le cliché sorti tout droit de ta Canon pour te signaler que c'est une très belle image, te feront savoir que tes leggings fleuris te vont bien. Tu peux même, en quelques minutes, solliciter l'avis de tes amis virtuels à savoir si oui ou non tu passes à la caisse avec la robe que tu viens d'enfiler dans la cabine d'essayage. Pis si un dude like 4-5 photos de ton visage d'affilé, il tente fort possiblement de te faire comprendre quelque chose.
Au final, avec tous les outils disponibles en 2013, aborder une fille sur la rue pour lui dire qu'elle est belle, ça s'rapproche dangereusement du crétin qui commente "Ouin po mal jolie miss!! 😛 😛 :P" sur une photo de craque de boules.
Évidemment que bien des filles se réjouissent encore qu'on les accoste pour les couvrir de fleurs, mais toutes les filles ne sont pas les mêmes et le risque de tomber sur celles qui s'en ressentent malaisées est beaucoup trop élevé pour que j'me permette d'user de cette approche.
Fak, on va prendre un café?
Je vous déteste.