Depuis maintenant une semaine, j'ai commencé à faire d'la vidéo. Des vlogues. J'le fais avant tout pour la spontanéité qu'ils m'offrent mais aussi pour explorer un territoire qui m'était encore inconnu jusqu'à maintenant. Premier constat: wow que monsieur-madame-tout-le-monde de Facebook se sent interpellé par absolument TOUT c'qui contient un thumbnail pis un bouton play. La vidéo attire les indésirables pis les amateurs de 4 roues qui n'ont jamais osé cliquer sur un d'mes textes avant ça. Drôle d'expérience.
Autre constat m'ayant pas mal plus choqué: j'me suis jamais autant fait traiter de crisse de tapette que dans mes deux dernières vidéos dans lesquelles on peut apercevoir ma coupe de cheveux pis ma chemise en denim. Une coupe de type Win Butler que j'arbore depuis 4 ans qui commence sincèrement à s'faire crissement vieille. Même que quand j'me la suis offerte, elle arrivait déjà à sa date de péremption.
Je trouve ça sérieusement hallucinant qu'en dehors de notre bulle montréalaise, cette trendy haircut de 2006-2007 soit considérée comme une toute nouvelle coupe de TAPETTE dernier cri. Et que, pour ces gens qui n'ont possiblement jamais entendu parler d'Arcade Fire, être FIF puisse encore servir d'insulte. Je ne me serais jamais imaginé qu'en 2013, une Win Butler, aussi dépassée soit-elle, pouvait faire l'objet d'une telle critique. #cesgens se situent visiblement à des années-lumières d'ici.
Le pire c'est qu'ils le font tout bonnement comme ça, avec le nom qui accompagne leur visage, leur lieu de résidence et l'emploi qu'ils occupent. Comme si être homophobe était chose commune, voire acceptable, à l'abri de représailles, étant donné le semi-consensus social chez les crétins. D'autant plus qu'ils s'approuvent entre eux et que presque personne ne fait entrave à leur activité virtuelle.
Pis pour ajouter à ça, v'là deux semaines, Facebook couvrait de louanges ce camionneur qui venait de trouver un chien dans les bois. (Voir la vidéo –> par ici) Dans sa vidéo qui s'est faite partager massivement, on le voit insister BEAUCOUP sur le fait que celui/celle qui l'a abandonné pourrait possiblement être UNE ESTI DE TAPETTE. Comme si un geste aussi louable que de s'occuper d'un canin abandonné annulait systématiquement les propos homophobes qui accompagnent la vidéo. Ça n'a pourtant semblé déranger PERSONNE, à en voir l'unanimité des commentaires approbateurs.
Cette câlisse de bulle montréalaise, elle fausse notre vision de la réalité pis nous conforte des fois naïvement dans l'idée que tout l'monde est presque rendu à 'même place, ou du moins, qu'il a progressé un peu. Qu'il se sentirait un peu cave de faire appel à l'homophobie pour tenter de discréditer et miner le moral d'une personne. Mais nope.
Bref, au cours de mon expérience vidéo, j'ai surtout été frappé par cette urgence de nuire, de blesser, cette absence totale de scrupule et l'assurance avec laquelle on se permet de kicker dans 'face dès qu'un symptôme "connu" de l'homosexualité semble se manifester. C'est de cette permission tacite qu'il faut se départir à tout prix, celle qui donne encore le OK aux imbéciles d'aller d'l'avant et de ne pas l'manquer, "le tabarnack de fif". Celle qui permet à Steve de La Tuque d'établir un lien boboche entre l'homosexualité pis le fait d'abandonner un pauvre chien sans même que personne ne lui reproche. Celle qui fait oublier la présence d'un humain derrière l'étiquette.
Je vous déteste.
Mise-à-jour: Steve le camionneur répond à cette chronique.