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«You’re Next» : petit guide du cinéma indépendant avec le réalisateur Joe Swanberg
Crédit: Présenté comme un leader de la génération montante du cinéma indépendant, Swanberg nous dévoile les aléas de la vie des cinéastes indie, sa vision de l'art et de l'argent, et l’idée derrière Drinking Buddies, son premier film à budget.

À l'occasion de la sortie du film d'horreur You're Next, dans lequel il incarne Drake, NIGHTLIFE.CA a rencontré le réalisateur Joe Swanberg lors de son passage au festival Fantasia, où avait lieu la première québécoise du film. Présenté comme un leader de la génération montante du cinéma indépendant, il offrait également en première mondiale aux Montréalais son thriller érotique 24 Exposures. En entretien, Swanberg nous dévoile les aléas de la vie des cinéastes indie, sa vision de l'art et de l'argent, et l’idée derrière Drinking Buddies, son premier film à budget.

Si le mouvement mumblecore ne vous évoque rien, dites-vous que c'est le symbole du cinéma indépendant. Pas de budget, des acteurs non professionnels, des dialogues improvisés, et un sujet récurent : la vie de jeunes de vingt à trente ans. En somme, la personnification du DIY (« Do It Yourself »). Joe Swanberg l'illustre à merveille. « Même si j'avais une idée du résultat voulu, j'ai réalisé des films sans aucun scénario : à la fin, le film entier paraissait différent ! » De son propre aveu, il en est mieux ainsi : « Je suis généralement heureux de la manière dont le film se termine. En général, je finis par avoir un peu honte de mon idée originale, et je suis heureux que personne ne l’ait jamais vue ! »

Tout ça, c’est la faute de l'improvisation, dont il est friand. « Je pense que l'improvisation que je demande est à part : ce n'est pas de la comédie, où vous avez votre blague préparée ; je veux que mes acteurs aient à s'écouter les uns les autres. Le but est de créer une conversation réelle et honnête, où vous ne savez pas ce que l'autre va dire. » Un défi relevé par Olivia Wilde (Tron: Legacy), Jake Johnson (21 Jump Street) ou encore Anna Kendrick (Up in the Air). « C'est un vrai défi, mais ils ont été formidables. Ils ont tous de riches vies au-delà du cinéma, ce qui leur permet d'avoir de vraies conversations intéressantes. Ce n'est vraiment pas le cas de tous les acteurs ».

Outre l'improvisation, Drinking Buddies est le premier film à facture classique du réalisateur: « C'est mon premier vrai film. J'ai finalement travaillé comme les réalisateurs ont toujours travaillé ! » C'est à dire sans être aussi producteur, acteur, scénariste et photographe. Celui qui déclare avoir eu une attitude punk rock de défiance envers l'industrie, dit s'être finalement senti « plus libre sur ce film que je ne l'avais jamais été, à cause de tous ces professionnels présents dans le seul but de m'aider ». Ce qui ne l'empêche pas de critiquer les franchises hollywoodiennes, et de saluer l'émergence d'un cinéma indépendant vibrant et fantasque, trop invisible à son goût.


Olivia Wilde et Jake Johnson dans Drinking Buddies

Rapprocher les solitudes
Joe Swanberg est humble. Plutôt que de s’enorgueillir de sa nouvelle situation de réalisateur « à budget », il reste fidèle à ses valeurs d'origine. « L'idée est d'utiliser ces possibilités pour toucher plus de monde. Mes préoccupations, les relations entre les gens, ou comment la technologie s'infiltre dans nos vies, resteront les mêmes. » Pour lui, l'importance du cinéma, riche ou pauvre, réside dans sa capacité à rapprocher les solitudes. « Je sens une obligation de raconter des histoires, des problèmes de gens de tous les jours qui ne sont pas assez médiatisés. Ce que j'aime, c'est ce sentiment lorsqu'un personnage à l'écran dit quelque chose que vous avez toujours cru être le seul à penser. C'est mon fil directeur, et je ne vais pas m'arrêter ».   

Mettre autant d'intimité dans un film, c'est s'exposer à de vives et difficiles critiques. Peu importe, dit Swanberg : « Je pense qu'être un artiste contient une obligation de potentiellement se ridiculiser. C'est une sorte de courage ». Du courage et de la passion sont les deux sine qua non du ciné indé, selon Swanberg. Le cinéaste reste un véritable guide du cinéma pauvre, et la visite commence dans le caniveau : « Prenez l'habitude de dormir sur le canapé, et de travailler gratuitement ». Avant que certains touchent les étoiles?

You’re Next
En salles le 23 août

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