«Next Floor», l’oppressant court-métrage de Denis Villeneuve lance la série accès libre du Centre Phi
Paul CongeCes jours-ci, le Centre Phi a eu la grande idée de libérer petit à petit sur le web une foule de petits films. Cette séquence, destinée à valoriser les courts-métrages, est introduite avec Next Floor de Denis Villeneuve. On peut le visionner par ici.
C'est loin d'être sa réalisation la plus connue du grand public. Paru en 2008, ce court-métrage est un film à thèse : Next Floor ne s’ouvre pas par hasard sur une pièce de viande qui, lentement, se fait déchiqueter jusqu’à l’os. Denis Villeneuve tient à faire sens.
Pitch : une douzaine de convives attablés s’acharnent bruyamment sur les plats qu’on leur sert et ressert à profusion, dans un espace qui a des allures d’hôtel désaffecté. Des os, des carcasses, des bruits de bouche, de couverts qui s’entrechoquent, de chair qui se déchire. La scène est, comme l'annonce le résumé, un carnage gastronomique.
Un court-métrage oppressant et millimétré
Matérialisé dans un univers clos, malsain, et, surtout, privé, ce petit groupe d’invités déroute. Endimanché, dément, il chute passivement avec sa table d’étage en étage, suivi dans sa descente brutale par les domestiques qui continuent de le servir (à foison) sous le regard d’un individu étrange.
La trame est secouée par l’angoisse qui rythme le montage (tantôt accéléré, tantôt ralenti), soutenue par une esthétique plutôt impeccable – quoiqu’un brin léchée, mais on ne va pas reprocher au réalisateur de savoir tenir une caméra. Photographie méticuleuse, sonorisation millimétrée, Next Floor suscite une oppression de tous les instants.
En 11 minutes, Denis Villeneuve n’a finalement pas le temps de montrer grand-chose, sinon le gavage outrancier et irrépressible d’une classe sociale continuellement entretenue qui ne se préoccupe guère des catastrophes à répétition qui les affectent. Joli.