Alors qu’on ne les y attendait pas forcément, l’an dernier, les sœurs Boulay ont atterri sur la scène folk comme un aéronef de candeur musicale brute. Gros succès à la clé. C’est que, à l’origine, elles-mêmes n’y croyaient pas trop. «C’était inattendu», confie Mélanie Boulay.
Et pourtant, la frénésie a grimpé. Ces derniers mois, on a pu les retrouver à l’affiche de Pop Montréal, des Francofolies et, bien entendu, des Francouvertes, où elles ont décroché la place au sommet du podium. Phénomène hype s’il en est, l’enthousiasme québécois autour des performances des sœurs Boulay a permis à la folk country, très minoritaire, de retrouver ses droits.
Elles ont accouché d’un album « très bricolé », Le Poids des confettis, en mars dernier. «On a fait en sorte qu’il soit très real, très live», lance Mélanie Boulay. L’album a reçu les grands applaudissements de la presse locale. L’impact, semble-t-il, des chansons «criantes de vérité». Ce qui a fait leur succès? Mélanie ne sait pas trop. Elle devine: sans doute «la sincérité, et le fait qu’[elles] soient deux sœurs».
Au fond, la recette est simple. Deux voix en harmonie, superposées à une guitare folk qui gratouille deux ou trois accords. Et puis un yukulélé pour le côté country. Cette folk minimaliste, «charmante», a plu d’entrée. Notamment à Eric Goulet. Dès 2012, le réalisateur très convoité a choisi de les produire tel quel, emballé par leur côté «touchant». Il a même tenu à conserver leur formation en duo. Pas de band: juste deux sœurs qui chantent ensemble. Le côté familial.
«Dans notre poésie, on mélange les mots du quotidien et des termes plus trash, qui tranchent avec le reste. C’est vulnérable et fort en même temps», explique Mélanie. Tirant leur inspiration (modestement) de Richard Desjardins ou Tricot Machine, leurs textes regorgent de naïveté et de rhétorique enfantine (témoins: «ça mouille les yeux», «par le bout du chignon»). «On veut rester dans un monde d’enfants», assure-t-elle. Et, surtout, elles tiennent à rester «sincères». Toujours «avec le cœur». On n’en doute pas une seconde.