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Chronique de fin de soirée: ma vie est une (mauvaise) pub de Bud Light.

Vous avez vu cette pub? Réalisée par Bud Light. Diffusée en pre-roll sur YouTube? Elle souhaite nous interpeller. C’est l’hymne d’une génération. Et si ma vie était une pub de Bud Light?
 

Et si ma vie était une pub de Bud Light?
 
C’est mercredi. J’attends Tatjana au Musée d’art contemporain. C’est le vernissage de la nouvelle expo d’Adrian Paci. C’est aussi une date. Elle est en retard. Je prends un selfie pour Instagram. Je recommence la photo trois fois. Je rédige un hashtag clever. Je tag Frank & Oak. Je regarde mes likes s’accumuler. Tatjana arrive. Ravissante. On boit un verre de rouge. Trop chaud. De qualité moyenne. Je m’attends à mieux du MAC. Ou pas. Je parcours les installations vidéo. Je regarde un film qui montre un morceau de marbre se faire tailler en pièce par des travailleurs chinois sur un navire. J’ai faim. On se dirige vers le Grinder. Pas parce que ça me tente particulièrement. Surtout parce que je dois récupérer ma Visa Gold restée au Rufus, la porte d’à côté, depuis samedi. Le gérant ne me donne pas de facture. Il dit que je peux lui faire confiance. Il y a environ 120$ de trop sur ma facture. À suivre. Rendu au Grinder, je mange un repas décent. Je discute de la Charte. Tout va bien, mais je suis incertain de la suite. J’appelle un taxi. Je ne sais pas si je dois planifier un arrêt ou deux arrêts. Le chauffeur propose à Tatjana un seul arrêt. Elle accepte. Mais quitte en pleine nuit.


Jeudi, je suis hungover. Mais je dois aller dans un 5@7 dans la Petite Italie. Au Inferno. Pour le travail. Rendu sur place, il y a du monde. La bouffe est bonne. Je ne connais personne. Ou presque. Je rencontre une belle Italienne. De souche. Une vraie. Ou presque (bis). Elle dit qu’elle travaille à la Librairie Italiana les samedis matins. Rendu chez moi, je me soûle au scotch jusqu’à ce que je m’endorme. Vendredi, je suis très hungover. Mais Jess est en ville. Je dois la rejoindre au Lawrence pour des huîtres et un verre de mousseux. La 55 est en retard d’une heure. Il n’y a pas de taxi. Je marche. J’arrive en retard de 55 minutes. Elle n’est pas vexée. Les huîtres sont bonnes. On saute dans un taxi en direction du Mile-Ex. Une bouteille de rouge, un succulent repas. On parle de sexe. C’est cool. Un dernier verre au Ballpark. On doit commander quelque chose à manger. On commande un dessert. Nous sommes très saouls. On regarde les lampes au plafond et on se demande si c’est le meilleur éclairage pour l’endroit. Peut-être pas. Je termine ma soirée dans le Parc de la Petite-Italie à faire des arabesques sur la patinoire. Il neige. Un beau moment.


Je me réveille samedi matin dans mon cours de yoga. La prof a changé sa coupe de cheveux. C’est hot. Je fais semblant de passer par hasard à la Librairie Italiana pour revoir la fille de jeudi. Elle est là. Souriante. Yeux magnifiques. Teint parfait, même en hiver. Je l’invite au Pick-Up. On boit un espresso. On jase de n’importe quoi. On s’ajoute sur Facebook. Je dois faire une sieste. Je rejoins Jarrett au Club Soda qui organise une soirée de lutte. Il me raconte qu’il vient de voir un pimp donner de la marde à sa pute au Montreal Pool Room. Elle pissait le sang. J’ai le goût d’un hot-dog. Je commande 2 toastés all-dressed, une frite et un Coke. De retour au Club Soda, je suis assis à moins d’un mètre du ring et à deux mètres de mon ex. Elle est belle. Mais son chum est là. Pas grave, je la dévisage quand même entre les combats. Elle fait comme si elle ne me voyait pas. Je me tanne. J’encourage Urban Miles, le lutteur hipster du Plateau. Pire personnage. C’est pour ça qu’on l’aime.


J’ai le goût d’un dernier verre. Je traverse au Café Cléopâtre. Je me check-in sur Foursquare. Le deuxième étage est vide. Dommage, j’avais le goût de voir un spectacle de transsexuels. Je me rabats sur les danseuses du premier étage. Le proprio nous paye un verre. Je le connais bien. Un chic type. Je commande des shooters de Jameson. Un gars de région n’arrête pas de me payer des bières. Je les bois. Les danseuses sont pas pires quand même. Mais rien pour écrire à sa mère. J’espère que ma mère ne lit pas ma chronique.


Il est presque 3h du matin. J’embarque dans la 363. Le bus se remplit de la même crowd que d’habitude. Une gang qui mange des nouilles, quatre Français très drunk et très loud qui se croient à Amsterdam, une couple de filles de McGill qui cliquent sur des photos Tindr, un gars très saoul qui doit ouvrir une fenêtre pour ne pas vomir. Je descends un arrêt trop tôt. Je ne sais pas pourquoi. Je n’ai pas le goût de marcher. Je regarde la vitrine du Multi-Mags et je me dis que ça fait longtemps que je n’ai pas acheté de magazine.
 
Je me réveille en sursaut dimanche matin.
Je regarde ce que j’ai texté entre la vitrine du Multi-Mags et mon lit.
J’écris ma chronique.
 
Je ne sais plus si ma vie est une pub de Bud Light ou si la pub de Bud Light est ma vie. Mais je suis persuadé que Bud Light a (très mal) copié la (très bonne) séquence de Victor dans le film The Rules of Attraction.
 
Ma vie me soûle.
Et je n’ai aucunement le goût de boire de la Bud Light.
 

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