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Le Détesteur: délire narcissique

J'évolue dans un univers où les gens autour de moi sont tous modérément narcissiques. (Une #selfie par jour) Connaissances et inconnus inclus. Issus du grand domaine des comm., ils ont la touche pour qu'on s'intéresse à eux sur les médias sociaux. Et de l'attention, plus t'en as, plus tu veux la conserver et plus t'en espères tout plein d'autre.

Pis parmi tout c'monde-là, y'a les gravement narcissiques. Eux autres, ils sont facilement identifiables. C'est ceux qui te font sourciller après que des mots épouvantables soient sortis de leur bouche, tout bonnement, comme ça, sans même se douter que les sourcils de leur interlocuteur puissent se redresser aussi violemment. Le genre de monde qui n'attend plus l'approbation pour prétendre sans réserve qu'il est meilleur que toi, que les autres, qui s'attribue des exploits et te l'apporte comme une évidence. Parce qu'il y croit très fort.

Ce qui les distingue grandement ce n'est pas la fréquence de publication, mais plutôt ce regard tellement décalé qu'ils ont de leurs propres capacités et de l'impact de leur importance sur la sphère médiatique et culturelle. Autrement dit, ils voient flou, mais sont convaincus d'avoir la juste vision après avoir connu un certain succès web, aussi minime soit-il. Ils vivent dans l'illusion d'avoir tous les regards sur eux.

En regardant les nouvelles:
-Ah, c'est le journaliste canadien que j'ai fait libérer de prison en Ukraine…

-…Han? De quoi tu parles, bro?

-Bin, j'ai share la pétition sur Facebook pis j'ai récolté genre 640 likes pis 102 partages. C'pas rien, là. J'ai 8000 abonnés. C'est sûr qu'ça eu un impact…

Ou encore, un dimanche soir devant TLMEP:
-Hey, cette fille-là a connu du succès grâce à mon blogue.

-…Mmmmm, et pas grâce à son talent?

-Bin là, c'est sûr, mais je l'ai fait connaître!

Évidemment, ces dialogues ne sont que fiction, mais pas tant. J'en connais de plus en plus des gens comme ça, qui ne réalisent pas qu'ils sont en plein délire narcissique.

Aussi: y'a ce type de dude qui, un matin, se réveille avec 250 abonnés en plus. Soudainement, le ton change. Il gère "une tribune", maintenant. Il confond abonnés/amis avec groupies. Bien malgré qu'on s'en câlisse-tu de ses 250 abonnés, il est assurément le seul à se voir plus grand que nature. Une "personnalité". Une "vie nouvelle" et "glamour" qui se présente à lui. Il s'adresse désormais aux curieux (sans plus), comme des admirateurs de sa célébrissime personne. Hallucinant.

«Merci d'être là pour moi, vous êtes les meilleurs!», qu'il répète de temps-en-temps, histoire de bien établir la distance entre Sa Majesté et son public. Une relation d'amour qu'il pense unidirectionnelle.

Et pis, quel hasard, y'a cette fille qui affirmait, hier, ne pas envier l'attention qu'on accorde à Gab Roy, étant donné qu'elle se fait déjà assez reconnaître de même, partout où elle va.

Pis là, il ne faudrait surtout pas que j'oublie Mario Benjamin, ce chanteur rock issu des 90s ayant web-comebacké dans les 10s. Depuis son gros hit, Ces enfants-là, Benjamin est quelque chose à suivre sur Facebook. Ne passe pas une journée sans qu'il nous rappelle qu'il existe encore et nous repasse en heavy-heavy-rotation ses trois derniers vidéoclips. À quasi tous les jours, depuis 3 ans. Son plus grand paparazzi n'est nul autre que lui-même. De l'hyper-documentation de son voyage au Mexique à toutes les manchettes d'actualité qu'il trouve le moyen de rapporter à lui-même. En réalité, personne n'écoute sa musique, mais tout l'monde est adepte de lui, à l'entendre parler.

Tous ces comportements sont crissement lourds et les cas commencent à se faire nombreux. Certains sont plus inquiétants que d'autres. La popularité, on ne sait plus la mesurer et encore moins comment la gérer.

J'suis pas du genre à faire la leçon aux gens sur leur propre terrain, mais dans des cas de perte de contact avec la réalité, je pense qu'une bonne claque virtuelle au visage ferait grand bien à quelqu'un qu'on souhaiterait voir sortir de son esti de délire d'auto-fourrage pas possible.

Je vous déteste.

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