Cette semaine, je vous emmène dans un endroit romantique. Un endroit discret, feutré, un endroit parfait pour qu’on se laisse aller aux plaisirs de la bouche.
Voici le Shinji.
Une alcôve nichée entre Griffintown et la Petite-Bourgogne, rue Notre-Dame, qui depuis quelques mois rend hommage au sushi. On entre dans cet univers par le centre, et dès les premiers instants les convives sont invités à prendre place au sein d’un décor tout droit sorti de Tokyo. Les couples sont dirigés de part et d’autre de vastes comptoirs qui ondulent et qui envahissent la pièce comme de grandes vagues de bois dur. Des panneaux coulissants descendent du plafond pour isoler au besoin les couples et les groupes les uns des autres… Il règne une atmosphère douce et zen.
L’endroit parfait pour une première date.
Pour ma part, je suis venue visiter l’endroit avec mes personnes préférées, des gens que je connais depuis toujours et qui traîneront amoureusement dans ma vie pour toujours aussi. Mais juste à côté, je m’amuse à tendre l’oreille au-delà de ces grands panneaux. On entend discrètement ce qui se dit tout près… et oui, je suis tombée sur un duo d’inconnus qui se sont clairement donné rendez-vous via un site de rencontre.
Un jeune professionnel pimpant et une poule de luxe sont donc en mode « je vends ma salade », et c’est ce qui inspire mon choix pour le premier service. Une délicieuse salade de tofu poêlé et de petits champignons frais ravit mes papilles à mesure que mes voisins me divertissent.
Salade de tofu poêlé, champignons sautés, cresson, vinaigrette au gingembre, 9$
« T’écoutes quoi comme musique ? »
« Un peu de tout… »
Ouf, qu’on est bien dans le confort de l’amour. N'empêche, la question tombait pile: on est quand même chez un des gars de Simple Plan. Jean-François Stinco, le guitariste, est aux commandes de l’endroit. Lien peu probable, me direz-vous. Moi je dis que les intérêts ne sont pas nécessairement uniformes, et qu'on préfère toujours quelqu'un de passionné à une mièvre apathie qui puise dans "un peu de tout".
Bref.
Le repas se poursuit avec une assiette magistrale de sushi au gré du chef. Bien qu’on ait demandé quelques bouchées végétariennes et que le plat soit revenu exclusivement aquatique, on a vite oublié le malentendu pour se concentrer sur le sens de la vue. Une kyrielle de bouchées colorées nous transporte aux confins de la créativité et de la technique du chef Nagai.
Sélection de nigiri, maki et sashimi pour deux personnes, 70$
L’assiette parfaite si vous voulez vous assurer de closer plus tard en soirée. C’est en tous cas clairement la stratégie du jeune professionnel pimpant qui jase maintenant de sa carrière prometteuse, encouragé par les gloussements de sa convive excitée.
Rouleau au homard, avocat, concombre mariné, yuzu, tobiko, orange, papier de soya, 15$
L'unagi – tempura de crevettes, concombre, avocat, anguille et sauce BBQ, 14$
On a aussi essayé les rouleaux superstar. Ici aussi, très belle exécution, mais bon, j’avoue qu’ils se sont fait voler la vedette par la mer de poisson cru qui trônait au centre de la table. Les desserts se sont aussi discrètement inclinés.
On vient donc ici pour deux choses : l’amour et le sushi. Ou les deux, si on est chanceux.
Et pour ceux qui sont célibataires, sachez que la poule d'à côté a même évité la facture, salée comme l'océan il faut le dire.
L’histoire ne dit pas si le coq a eu droit à un deuxième repas…
Restaurant Shinji
1726 Rue Notre-Dame Ouest
(438) 384-1270
photos Christine Plante