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Chronique de fin de soirée: La dernière cène au Manitoba ou comment survivre à l’âge du Christ.

Samedi soir, je célèbre mon trente-quatrième anniversaire au tout fraîchement inauguré restaurant Manitoba, situé dans le Mile-Ex.
 
Une grande table, de vrais amis et une joie profonde qui me transcende.
 
À table.

Survivre à l’âge du Christ.
 
Je n’ai jamais particulièrement aimé fêter mon anniversaire. D’ailleurs, je suis pratiquement incapable de me souvenir des dates de fête des gens qui m’entourent. Pas que je sois égoïste (je suis égoïste), mais je ne vois pas la pertinence de célébrer une date unique comme étant le passage d’une réalité à une autre. Tout comme le jour de l’An, nous ne sommes pas vraiment quelque chose de différent le 1er janvier à minuit et une minute que nous l’étions le 31 décembre à vingt-trois heures et cinquante-neuf.
 
Mais samedi, c’est différent.
 
Tout d’abord parce que ma fête n’est pas samedi mais ce lundi 14 avril, mais essentiellement parce que je crois qu’il y a matière à célébration : j’ai survécu à l’âge du Christ.
 
Vieillir m’importe peu, je n’en ai rien à foutre. L’inévitable vieillesse n’est relative qu’au corps, l’éveil de l’esprit est immortel. Sauf que mon corps à souffert en 2013, une souffrance que j’ai eu de la difficulté à soustraire de mon esprit. Une souffrance qui a peut-être même contaminée mon esprit.
 
Une citation célèbre de Friedrich Nietzsche raconte « que celui qui doit combattre des monstres doit prendre garde de ne pas devenir monstre lui-même. » Or, j’ai moi-même créé un monstre que j’extrapole toujours présentement dans cette chronique : le fameux (pas vraiment) Sylvain Raymond. Né le 23 septembre 2008 sur mon blogue 2 years to live, ce monstre a littéralement pris forme dans les pages de mon premier roman Yupster pour peu à peu envahir ma personne.
 
Même si j’ai souhaité qu’il me quitte pour de bon à la fin de la page 273 de mon deuxième roman Sara(h)bande lancé l’année dernière, il était trop bien ancré en moi(-meme). J’avais créé un monstre pour que je puisse observer le vide, l’analyser et le comprendre. Se faisant, j’avais cependant oublié la deuxième partie de la citation de Nietzsche : « Et si tu regardes dans un abîme, l’abîme regarde aussi en toi. »
 
Vous en avez vous-mêmes ressentis les soubresauts dans les débuts de cette chronique. Ce Sylvain Raymond est (in)consciemment détestable. Pour le meilleur et pour le pire, j’ai vécu par lui, avec lui et en lui. Il n’a jamais eu la prétention de libérer les péchés du monde, mais au final, il m’aura libéré de mes propres démons.
 
Sylvain Raymond, le personnage, n'aura jamais plus que 33 ans.
 
Sans qu’ils ne le sachent, je me suis (re)trouvé au Manitoba, entouré de ceux et celles qui me donnent la force nécessaire pour sacrifier Sylvain Raymond. Sans qu’elle ne s’en doute, ma Belle Italienne m’a convaincu que ce n’est pas le costume (ou le costar dans mon cas) qui fait le superhéros.
 
Lundi 14 avril 2014, j’ai 34 ans et j’ai survécu à l’âge du Christ.
Et je me sens (re)vivre.

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