Pendant des années, j’ai été ce gars-là : le gars qui offre des fleurs à ta blonde. Pas littéralement, je n’ai jamais offert de fleurs physiques à une fille en couple (avec quelqu’un d’autre que moi). Mais le gars qui complimente ta blonde en silence, sans que tu ne le saches. Celui qui lui fait une fleur pour être plus précis, parce que toi, tu la prends déjà pour acquise.
Je surgissais parfois en pleine journée sur Facebook Messenger, pour agrémenter son après-midi plate au travail. Pendant que tu lui écrivais par courriel pour lui demander « qu’est-ce qu’on mange ce soir? », je lui racontais comment j’aimerais la surprendre derrière sa chaise de bureau, déposer mes mains sur ses épaules, serrer ses omoplates, faire basculer sa tête sur le côté pour langoureusement l’embrasser dans le creux de son cou, laisser mes mains glisser le long de son corps du haut de ses épaules jusqu’à son entrejambe. Elle te répondait « qu’elle fera réchauffer des restants », mais sache que je venais de faire sa journée. Pas toi.
J’offrais également mes fleurs en personne, pendant que tu regardais un match de hockey avec tes chums à la maison. Par hasard (pas vraiment), on se rencontrait dans un bar. Elle était avec ses amies, moi j’étais seul. Je la complimentais sur ses vêtements tout en lui précisant combien j’adorais sa nouvelle coupe de cheveux. J’avais remarqué (sur Instagram, mais peu importe, elle dévorait le compliment). Pendant que tu la textais pour lui dire que le Canadien venait de compter en fusillade, elle rigolait à quelques centimètres de moi, la main sur ma poitrine. Certes, ses amies la protégeaient de moi. Mais sache que cette nuit, pendant que tu ronflais ta Bud Light ainsi que ton chip sel et vinaigre à côté de ta douce, elle s’endormait en pensant à moi. Pas à toi.
Je donnais aussi mes fleurs directement devant toi, en la dévorant du regard. Tu le voyais bien. Tu avais de la difficulté à contrôler ta jalousie. Tu sentais ta blonde ailleurs, avec moi, dans son cœur. Tu avais sa tête, elle était en sécurité avec toi. Mais elle brûlait d’intensité pour le renouveau. Sans dire un mot, je lui faisais vivre une pulsion perdue parce que tu dormais avec tes bas dans le lit et/ou parce que tu laissais le siège de toilette levé. Tu ne la regardais plus comme je le faisais, depuis des lunes. L’inverse était aussi vrai. Même si tu la tenais par la taille en l’embrassant, elle était avec moi. Pas avec toi.
Pendant les six dernières années, j’ai été ce gars-là : le gars qui offre des fleurs à ta blonde. Et c’est pour ça que je suis furieux.
Aujourd’hui, le jour de sa fête, ma Belle Italienne a reçu des fleurs au bureau de la part d’un autre homme. Un autre homme que moi. Encore pire, ses fleurs sont arrivées avant les miennes. Et ses fleurs ont une signification alors que moi, j’ai commandé mon bouquet par téléphone.
Il n’y a pas un argument qui puisse sortir de la bouche de ma Belle Italienne qui sera en mesure de me calmer. Non, cet homme n’est pas seulement un ami et ma jalousie ne fait que s’accentuer au gré de ses explications. Plus je me fâche, plus je sais qu’il marque des points. Mais je suis incapable de contenir ma rage.
Parce que je sais qui est ce gars-là : il est le gars qui offre des fleurs à ma blonde.
Et qu’aujourd’hui, ma Belle Italienne pense à lui.
Pas à moi.