Xavier Dolan n'a peut-être pas traité les Québécois de consanguins comme l'entendent les mauvaises langues, mais si tel avait été le cas, j'aurais certainement applaudi.
Pas que les Québécois sont nécessairement tous des cons; ce serait une aberration d'affirmer une telle chose. Et pas non plus que je bénéficierais de l'immunité. Non, j'aurais plutôt félicité qu'une figure médiatique se donne le droit d'le dire.
Ça m'étouffe de savoir qu'on crucifiait déjà Dolan à la simple idée qu'il ait pu prétendre pareille affaire. Que parce qu'il est connu, faudrait marcher sur des oeufs en permanence. C'est ce que le public veut, au fond, s'assurer que les personnalités notoires prennent conscience de la fragilité de leur carrière et qu'il suffirait d'un faux mouvement pour que tout éclate en pièces.
Certains chroniqueurs prennent plaisir à tenir les vedettes par les couilles et invitent leurs lecteurs à faire de même, au point où on a fini par s'imaginer qu'il était de notre devoir d'exercer une pression sur le scrotum des artistes qui bénéficient d'une popularité certaine.
Après tout, le Québécois s'est lui-même traité de con, après avoir élu les Libéraux, ou pire, accordé la victoire à Yoan. Le Québécois se traite de con quand il se regarde manifester pour ses droits de scolarité. Il se traite de mou quand il refuse la charte.
Mais ce que le Québécois entend quand il affirme que ses concitoyens sont épais, c'est que le Québec est en fait divisé en deux, et que lui, évidemment, se trouve dans le bon camp. Et personne d'autre ne peut traiter son Québec de consanguin. Surtout pas une personnalité connue.
Un jour, faudra lui faire comprendre clairement qu'il est con. On ne pourra pas toujours continuer à faire comme si les films de Dolan étaient médiocres seulement parce que les gens ne se déplacent pas massivement pour les voir. Comme s'ils comprenaient ACTUALLY ce que comportait le projet de charte au moment où les sondages lui donnaient raison. Ou encore, comme si les billets de blogue avec le plus de cliques étaient toujours les plus substantiels.
Le monde n'est pas nécessairement consanguin, mais ses choix et ses opinions ne sont pas les plus rationnels et, malheureusement, sur la sphère médiatique, on se base toujours sur le nombre pour lui donner raison. Ou du moins, on évite de lui donner tort. C'est à ce niveau que je pense qu'on devra arrêter de faire comme s'il n'était pas con.
Il l'est, quand il crie très fort, sans même s'être informé. Quand il dit d'un film qu'il est plate, sans même l'avoir visionné. Lorsqu'il partage une fausse nouvelle et s'en indigne sans même l'avoir validée. Il l'est certainement quand il se plaint des manifs qui monopolisent ses nouvelles sur l'heure du souper, sans même réaliser qu'il refuse lui-même son propre droit de manifester.
Et tout ça, si Xavier Dolan avait voulu le dire, il aurait eu le droit. Parce qu'être artiste n'implique pas de s'assujettir, ni aux médias, ni au peuple.
Je vous déteste.