Mercredi dernier, boutique de vêtements au centre-ville de Montréal. Je me présente à la cabine d'essayage avec 4-5 morceaux et deux gars m'y attendent (ou pas du tout). Jeunes et visiblement hétéros.
Ils se jasent des filles qu'ils ont ramenées dans leurs chez-eux respectifs (lire: chez leurs parents), le week-end dernier, et de combien Dina ne lâchait plus de texter l'un d'entre eux.
J'étais là. J'attendais. J'impatientais, soupirais. Mon visage n'arrivait plus à mentir: lâche tes histoires de cul pis fucking sers-moi. Mais ils s'en câlissaient. Les deux.
Après trois bonnes minutes, l'un des dudes m'a retiré sèchement les vêtements des mains, les a comptés en slow-motion, distrait par son histoire qu'il ne finissait plus de raconter, pis les a recomptés pour finalement m'amener à ma cabine, sans dire un crisse de mot, pas même l'habituel et machinal Bonjour/Hi.
Pourtant, juste avant que mon tour vienne, dans la file, il y avait 4 ou 5 filles. Là, ça avançait vite. Bonjour! Hi! Combien de vêtements? Ok, nice! Suis-moi! — Et pendant que j'essayais, je les entendais interrompre leurs histoires pour servir, avec beaucoup d'enthousiasme, le sexe féminin.
Idem, au moment de sortir. Aucun service. Invisible, j'ai déposé, un peu n'importe où, les morceaux qui m'avaient moins plu. Même chose pour mon voisin de cabine: on se crissait bin qu'il soit là.
Ce n'est pas la première fois que des gars, hétéros, m'offrent un service de MARDE, et spécifiquement au centre-ville de Montréal. Plusieurs d'entre eux ne sont là que pour «chasser la plotte» et se montrent arrogants envers les autres mecs, voire, s'en servent comme boucs émissaires pour mieux connecter avec le sexe opposé. (Ex.: se moquer de l'achat du gars qui vient juste de payer, pour faire rire les clientes)
Mais dude, t'es à la job et pas dans un club sur St-Laurent passé 23:00. Tu peux flirter ET servir convenablement les hommes. L'un n'empêchera jamais l'autre, t'inquiète.
Ma copine me racontait combien on traitait ses pépins de téléphone intelligent de diverses façons. Que les filles lui chargeaient toujours le juste prix (well, "juste prix", on s'entend), alors que les gars allaient jusqu'à lui offrir gratuitement un nouveau téléphone qui en valait beaucoup plus ou quelques Go de données supplémentaires.
Un privilège sous la prémisse que le vagin est potentiellement achetable, ou du moins, qui laisse entrevoir que hey, si j'te fais ça pour zéro cenne, c'est parce que j'envisage la possibilité que peut-être, nous deux, tsé.
Un privilège qui ne peut vraiment se voir refuser: tiens, voilà ta facture, merci, bonne fin d'journée. Trop vite, trop officiel. Trop nice. Qui insisterait pour payer, anyway? Les fournisseurs nous crossent déjà solidement pis le coût de la vie fait assez pleurer comme ça.
Un cadeau, oui, mais légèrement empoisonné. Un poison pas très néfaste qui n'engage à rien, certes, mais still, l'intention derrière reste la même: tiens, je t'offre ceci parce que j'ai envie de te prendre par derrière et t'as pas trop trop l'choix de l'accepter. Tu liras la petite note qui l'accompagne: t'es une fille, pis c'est comme ça qu'on fait avec les filles, on achète leurs vagins. Et ce, même si je vois bien que ton outfit laisse entrevoir que t'exerces une brillante carrière dans laquelle personne ne peut te marcher sur les pieds et encore moins t'acheter.
Le voilà mon malaise avec les jeunes cons qui travaillent dans les boutiques et n'en ont que pour le clito. Ils pensent que les filles s'achètent.
Je vous déteste.