Jean Airoldi n'est pas supra apprécié par les temps qui courent. C'est que la nouvelle émission qu'il anime à Canal Vie n'est pas près de faire l'unanimité chez les militants et autres gens qui trouvent horrible l'idée que des femmes s'enferment dans une cage de verre, laissant ainsi le soin aux passants de deviner leurs âges.
Non seulement on contribue à faire perpétuer les ravageurs diktats de la beauté féminine, mais pire, on donne raison aux propos cruels et spontanés de ceux qui se trouvent à l'extérieur de la boite. Pour en faire une analogie, on pourrait dire de la femme qui accepte qu'on la critique sur son apparence qu'elle est une vidéo Youtube et que les passants qui s'affairent à deviner son âge sont les commentaires anonymes juste en dessous.
Et God knows que les commentaires sur Youtube sont les pires. On transpose le concept dans la vraie vie et ça donne ceci. Du monde à qui on ne cesse de confirmer qu'il est légitime de s'octroyer un droit de regard sur autrui. Et c'est bien pire que ça: on cède à sa critique.
Et Airoldi, il transforme, il maquille, il embellit. Il endosse bien malgré lui l'écosystème de la section commentaires sur Youtube. Il endosse ce malsain réflexe qu'ont les internautes de scruter à la loupe, de balancer le focus sur les cernes d'une mère mono-parentale plutôt que de s'intéresser à l'histoire qu'elle raconte.
Voilà pourquoi elle est tant contestée, son émission. Évidemment, tu me diras que les participantes ont accepté de se prêter au jeu de manière tout à fait délibérée. Oui. Mais c'est malhonnête de dire ça. Il n'est pas tant question de ces dames, ici, même qu'elles se rendent complices de la navrante «culture du droit de regard».
Un peu comme l'a fait Antoine Bertrand au dernier Bye-Bye en acceptant de parodier Miley Cyrus, nu, sur une wrecking ball. L'idée n'était certainement pas de faire saliver les femmes mais bien qu'on se moque d'un gros corps qui déborde de partout. C'est ça qui était drôle, right? Un gros qui accepte de se dénuder? On défendra Bertrand en ramenant l'argument de l'autodérision, qu'il est capable de rire de lui-même, mais ce qu'on oublie toujours c'est qu'il a surtout permis qu'on se moque de toutes les personnes en surpoids.
Comme Airoldi et ses participantes, il a endossé, malgré lui, les commentaires sur Youtube, les a confortés dans leurs délires.
À l'ère où les mentalités sont davantage portées à évoluer rapidement, il est primordial, quand on travaille dans le domaine des communications, de se garder à l'affût des derniers billets eye-opening et révélateurs qui circulent massivement sur les médias sociaux. Ce qu'aucun membre de l'équipe d'Airoldi ne semble avoir fait. Où étiez-vous durant les deux dernières années, guys? Vous n'avez jamais entendu parler du mouvement féministe, genre, pas même une seule fois?
Ces textes, ils arrivent pourtant à mettre le doigt sur des choses tellement évidentes qui nous ont échappé durant trop d'années (la culture du consentement, par exemple) et nous permettent dorénavant de progresser. Et ceux qui s'imaginent au dessus de tout ça, un jour, ils finissent par y être confrontés.
Dans la controverse bien malgré eux, ils n'arrivent pas à comprendre ce qu'ils ont bien pu faire de mal. Je vais te l'dire, moi, Airoldi, c'que t'as fait de mal. Tu ne t'es pas tenu à l'affût. Tiens, voilà une contravention.
Je te déteste.