Mardi passé, un lecteur m'a écrit sur Facebook pour me demander:
«Hey Murphy, t'écris pu pour NIGHTLIFE?? Ça fait longtemps que t'as publié quelque chose…»
Et pourtant, depuis que je tiens cette chronique (2011), je n'ai pas sauté une seule semaine. Pas une seule. Et comme c'était mardi (jour de chronique), elle venait d'être partagée sur mon profil Facebook. J'veux dire, t'es à un simple freaking clic de t'faire Stone Cold Stunner brutalement par celle-ci. Juste un clic, man. Elle est juste là. Prête à être lue.
«Comment j'fais si j'veux lire ta chronique du Détesteur sur NIGHTLIFE?»
Vraiment? Viens-tu vraiment de me balancer une question qui contient précisément tous les mots-clés qui te sont nécessaires pour une recherche efficace sur Google? Tout est freaking là, brodog.
Mon coeur d'initié qui célèbre sa 18ème année à sévir sur le web arrive très mal à supporter de telles questions, aussi stupides que paresseuses. Des fois j'me demande si les gens utilisent encore ça, Google.
Rien que cette semaine, on clamait que l'identité de Banksy avait été révélée à la suite de son arrestation pis malgré qu'aucun média n'en ait glissé un mot, René Angelil est décédé dans un silence radio. Investigation sur la place publique s'en est suivie: C'TU VRAI??? QUELQU'UN A UN LIEN???
Se rendent-ils compte, ces gens-là, qu'on les observe? Qu'on les trouve stupides à les voir se décâlisser la bicyclette à la conquête d'une réponse qui devrait normalement venir avec le réflexe d'ouvrir un onglet Google?
Dernièrement, je partageais un lien qui menait vers un torrent et voilà qu'au bout de 15 minutes, les gens venaient m'engueuler pour me laisser savoir que mon esti de site, c'est une arnaque, qu'il nécessite une carte de crédit, qu'il n'est pas gratuit du tout et qu'il est hors de question de verser un seul sou à son propriétaire.
Man… Ça fait mal. Non seulement on ne sait plus se servir des torrents, mais en plus, on clique comme des poules pas d'tête sur à peu près n'importe quoi, sans se méfier.
Et what about les images macros et mèmes mal-employés qu'on balance dans les commentaires sur Facebook? On ne sait même plus comment croper ou sauvegarder une image sur un téléphone intelligent. On se contente de garocher un screenshot qui vient avec l'heure, les icônes pis la durée de vie de la pile.
Qu'est-ce qui s'est passé, guys? Fut un temps où absolu rien n'aurait pu échapper à notre curiosité, où Internet faisait de nous des personnes rusées et débrouillardes et non pas de totaux idiots qui se confortent dans leurs paresses. On n'en pouvait plus des smartass, même, qui savaient tout sur tout.
J'ai toujours refusé que ma curiosité et mes aptitudes à trouver de l'info sur Google soient reconnues comme un talent, voyons donc. C'est tout le monde qui est un crétin paresseux et pas moi qui suis un expert. Un expert à effectuer des recherches basic sur Google, t'en rends-tu compte, esti?
L'année 2015 est à nos portes, c'est donc dire que 15 années se sont écoulées depuis le bug de l'an 2000 et une vingtaine depuis l'avènement d'Internet. Je trouve ça symbolique et constate avec tristesse que le web de 1997 du jeune Murphy Cooper est loin derrière lui et ne possède plus tout à fait les mêmes richesses et capacités pédagogiques à rendre les gens meilleurs.
Ainsi, les quelques personnes qui m'harcelaient toujours au milieu des 00s pour que je cherche pour eux le mp3 du nouveau hit de l'heure sont désormais majoritaires.
Plus ça va, plus Internet semble vouloir prendre les allures d'un vaste Illico sur demande qui permet de ne contrôler que l'essentiel à partir d'une manette, sans avoir à se soucier du reste. Et pourtant, c'est tout le reste qui importe.
Je vous déteste.