En début de semaine, j'ai vu passer dans mon fil d'actualité cette brève nouvelle où on apprenait que le chanteur Rémi Chassé (La Voix) faisait partie d'un cadeau-surprise offert à des clients Vidéotron, qui soulignait son 50ème anniv.
I mean, drôle de contrat pour un finaliste d'une émission millionnaire qu'on a rapido élevé au rang de star. C'est comme si le comédien qui tient son premier rôle important au cinéma acceptait, en pleine gloire, de tourner pour Brault et Martineau.
Tiens, voilà ton forfait cadeau pis en prime, notre dude va te chanter des tounes, sans tenir compte de tes goûts musicaux, de toute façon, il fait du monsieur-madame-tout-le-monde. Tu vas aimer ça, il passe à la télé.
À l'ère des festivals branchouillards qui poussent comme du pissenlit, il m'est très difficile de comprendre comment quelqu'un de ma génération pourrait opter pour un show de télé-réalité qui l'amènera à livrer des concerts devant une salle comble de téléspectateurs assidus d'On connaît la chanson.
Plus que jamais, rien de tout ceci n'est un passage obligé pour connaître un niveau satisfaisant de succès dans le domaine musical et suffit de jeter un oeil aux gagnants et artistes en prestation du dernier gala de l'ADISQ pour le constater. Les gens de ma génération qui n'en font qu'à leurs têtes sont sérieusement en train de déloger les vieux visages supra-subventionnés qui refusent de céder leurs places depuis des lustres.
Pendant que des Loud Lary Ajust passent chez Audiogram, que des Nevsky volent la vedette à Fiori, que des Alaclair et Fire/Works sont envoyés à SXSW, que des Kaytranada génèrent des millions de views sur Youtube et que des Dead Obies font la longue liste Polaris, les grands oubliés des reality shows se réunissent dans un Festival de chasse l'instant d'un week-end et/ou sont au service de Québécor à respecter des contrats trop peu élogieux pour la stature d'une vedette du rock.
Et pour avoir connu beaucoup de succès avec son band, Rémi Chassé comprend pourtant bien tout ça. Mais pourquoi s'en être remis à un public qui n'en a pas grand-chose à câlisser qu'il ait par le passé foulé les planches du légendaire Cavern Club? Pourquoi avoir opté pour un tel downgrade?
Je dis downgrade parce que le contraste est étonnant, quand même, quand tu t'attardes aux affiches dans le métro. D'un côté, on a un triptyque de Bernhari dont l'album a été sacré celui de l'année par la critique, et de l'autre, une pub de Disney On Ice avec une mini-photo en coin d'un ex-candidat de télé-réalité qu'on a dû identifier comme étant de la cuvée 2012 de Star Académie. Outch, non?
Quel artiste est assez impatient de faire découvrir sa musique à des matantes pour se priver d'une session photo avec John Londono, d'une affiche subversive de Gabrielle Laïla Tittley, d'une session BRBR à TFO, d'un week-end magique au FME ou encore d'un vidéoclip avant-gardiste de Laurence Baz Maurais?
Est-ce que ç'en vaut VRAIMENT la peine de prendre part à ce type d'émission réalité, maintenant qu'on sait et constate le succès des «marginaux»? Un drôle de choix, en 2015.
Je vous déteste.