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Le Détesteur: lettre à toi qui rédiges des listes de choses à faire pour plaire au sexe opposé
Crédit: Émilie Deshaies

Salut à toi qui rédiges des listes de choses à faire pour plaire au sexe opposé. Ça marche fort pour toi, ces temps-ci. J'ai hésité avant de t'appeler collègue parce que le sommes-nous vraiment? Je doute que, contrairement à moi, tu puisses te vanter de tes publications dans tes party de famille. À moins, évidemment, que ta famille ne voit aucun prob à c'que tu fasses la promotion de clichés excessivement sexistes et réducteurs pour l'homme et la femme.

Mais là, va falloir que tu m'expliques. Quand le site web qui te paie pour écrire ces merdes t'a repêché, t'avais, à ce jour, toujours levé le nez sur l'avènement du mouvement féministe actuel, right? Parce que quand je te lis, j'me dis: GOD, mais où était donc cette personne durant les trois dernières années? Pire: où était-elle la freaking semaine passée, alors que l'initiative #AgressionNonDénoncée allait jusqu'à faire pop out de leurs trous les têtes d'autruche pourtant bien enfoncées dans le sable depuis day 1?

Et là don't get me wrong, c'est pas une histoire de forcer tout le monde à adhérer aux mêmes idéologies que moi, mais I mean, faudrait quand même, au minimum, se tenir à l'affût et tirer quelques leçons de cas comme celui de Michel Beaudry, du nouveau show d'Airoldi ou encore de la lettre ouverte de Gab Roy adressée à Mariloup Wolfe.

Pendant que les mentalités évoluent rapidement, toi t'es là à étaler ton ignorance et valider celle des autres, qui eux, s'indigneront des gens comme moi à grands coups de «Ouin, beaucoup de sable dans le vagin ici!».

Parce que comme toi, ces gens sont de fervents défenseurs du «Pourquoi vouloir réparer à tout prix quand c'est même pas brisé?». Le truc c'est qu'ils ne le savent pas que c'est brisé, notamment parce que le monde comme toi se plait à lui laisser entendre que tout fonctionne à merveille, et que par conséquent, le monde comme moi est dépourvu d'action dans sa vie et donc se lance à la conquête de choses à réparer, surtout là où il n'y en a pas.

Tu peux, pour ta défense, me répondre que tu fais dans le ludique, que tes billets sont à prendre avec un grain de sel et qu'on ne devrait pas t'accorder autant d'importance puisque tu n'as rien, et encore moins la qualité de lectorat, d'un réputé chroniqueur du Devoir, par exemple. Et t'as raison; je me câlisse bien de toi et t'es à des années-lumière de pouvoir amener ne serait-ce qu'un brin de pertinence à un débat public. 

Mais on te verse de l'argent pour que t'alimentes l'ignorance, qui elle, sait se montrer pas mal plus efficace que tous les textes les mieux nuancés réunis dans un même grand recueil. Chacune de tes listes va à l'encontre de mon travail, de celui de mes collègues et du progrès en général, surtout. Tu peux fermer tes yeux pour un bon moment encore if you want, mais un jour, tu seras amené à te demander si c'est vraiment ça que tu veux, crisser des coups d'pied dans les genoux du progrès?

L'éducation sexuelle et les notions de consentement ne sont pas qu'une affaire du lecteur avisé, c'est également celle du jeune analphabète fonctionnel qui se surprend à crier TROP VRAI quand tu suggères à sa copine de s'en tenir aux tâches ménagères et de conserver pour elle ses anecdotes puériles de nunuche magasineuse. Ça fait que ton guide, aussi risible soit-il, c'est de la science, pour lui. C'est pour cette raison que je me vois forcé de lui accorder une quelconque importance.

Chaque petit cliché ou mythe qu'on valide contribue énormément, malgré que tu t'entêtes à ne pas le voir, à la culture du viol, au sexisme, à la misogynie, à l'intolérance, au slut shaming et au victim blaming. 

On ne peut malheureusement pas trop en vouloir à ton lecteur de ne s'intéresser qu'au piètre contenu qu'on retrouve dans le clickbaiting; ça ne fait pas partie de son travail de se garder à l'affût des derniers textes d'opinion qui génèrent vives réactions, réflexions et débats. Mais toi oui. Et tu peux compter sur moi pour m'indigner à chaque fois que t'auras opté pour l'ignorance.

Je te déteste.

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