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Warhol s’affiche: des œuvres marquantes du grand prêtre du Pop Art présentées au MBA de Montréal!
Crédit: XIV Olympic Winter Games (1983); Fifth New York Film Festival — Lincoln Center (1967); Querelle (1982). Collection Paul Maréchal © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / SODRAC (2014) / Photo Roch Nadeau, avec l’aimable concours de Paul

L’exposition Warhol s’affiche, présentée au Musée des beaux-arts de Montréal jusqu’au 15 mars, nous offre une facette méconnue de l’œuvre du grand prêtre du Pop Art. C’est son travail publicitaire que l’établissement montréalais, en collaboration avec le collectionneur Paul Maréchal, met en valeur avec cette rétrospective. Bien qu’elle soit assez restreinte — deux petites salles bien remplies —, l’exposition nous fait découvrir le large éventail de commandes réalisées par Warhol, que ce soit pour des compagnies, des artistes, des magazines ou des manifestations artistiques. Je vous présente cinq œuvres qui ont retenu mon attention et qui témoignent de la dextérité et de l’adaptabilité de ce maître.
 
1. French Kissin’ de Debbie Harry (1986)
 
Cette affiche réalisée pour le 45 tours “French Kissin” de la chanteuse de Blondie est située à l’entrée de la première salle. Inutile de dire que c’est elle qui a immédiatement capté mon regard. La beauté innée de l’icône pop est mise en valeur par les deux tons de camouflages surimposés par Warhol. C’est à la demande de la maison de disques que l’œuvre à été produite, puis sérialisée afin d’être insérée dans la pochette du maxi. Si jamais vous fouillez dans la vieille collection de vinyles de vos parents et que vous tombez dessus, prière de me la faire parvenir. À vos frais.
 
2. Libération page couverture, octobre 1983, numéro hors série Cocteau
 Spécial 20e anniversaire du décès de Jean Cocteau / Collection Paul Maréchal © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / SODRAC (2014)
Illustration du célèbre poète français, produite à partir d’une photographie de Gisèle Freund, et destinée à paraître sur la couverture d’un hors série du journal socialiste Libération, ce portrait de Cocteau est typique de l’œuvre Warholienne. On y retrouve les tons chers à l’illustrateur — mauve, rouge, orange — qui s’avèrent, suite à de récentes études en psychologie, être les couleurs auxquelles le cerveau répond le mieux. Comme quoi l’artiste et ses instincts étaient particulièrement en résonance avec la psyché humaine.
 
3. Andy Warhol Für die grünen (Andy Warhol avec les verts, 1980)
 
La présence de cette affiche m’a quelque peu surpris, n’ayant jamais perçu Warhol comme un artiste particulièrement «engagé». Ce sentiment m’est confirmé par la notice explicative qui m’apprend que l’affiche, au profit du Parti vert allemand, a causé quelques remous dans l’entourage de l’homme: certains reprochant aux Verts leurs liens un peu trop étroits avec les communistes. Je considère tout de même que, bien qu’elle soit un peu banale, l’affiche est un excellent exemple de la polyvalence du New-Yorkais, qui excellait aussi dans le domaine de la typographie.
 
4. 20th Montreux Jazz Festival (1986)

Le placard publicitaire de la vingtième édition du Festival de jazz de Montreux a été réalisé par Warhol, en collaboration avec son populaire disciple Keith Haring. L’artiste de rue, devenu aujourd’hui presque aussi célèbre que son mentor, ajoute ses silhouettes frétillantes aux notes de musique dessinées par Warhol, afin de mettre en valeur l’esprit du jazz à travers des couleurs vibrantes et le déhanchement des danseurs. Un témoignage inestimable de la virtuosité de ces deux piliers artistiques du «grimy New York» des années 80. (Pour ceux qui voudraient en savoir un peu plus sur Haring, permettez-moi de me faire une petite plogue.)
 
5. Absolut Vodka (1985)
 Collection Paul Maréchal © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / SODRAC (2014) / Photo Roch Nadeau, avec l’aimable concours de Paul Maréchal
L’exposition étant axée sur la démarche publicitaire de Warhol, je serais mal venu de ne pas présenter la première œuvre d’une campagne maintenant légendaire. En effet, c’est Warhol qui, le premier, exécute sa vision de la célèbre bouteille de vodka suédoise. C’est aussi lui qui suggère aux dirigeants de la compagnie de proposer à différents artistes de reproduire le contenant, afin de propager l’image de la marque en Amérique. Sans avoir vu toutes les déclinaisons du flacon, je peux tout de même affirmer que la version de Warhol est l'une des plus percutantes. L’amalgame de couleurs et de lignes approximatives évoque chez moi l'état d’ivresse, résultat de la consommation de cet excellent «glouglou».
 
Cinq œuvres que vous pourrez voir au MBAM jusqu’en mars prochain. Elles ne font qu’effleurer la surface et ne constituent qu’un amuse-gueule pour les fans du patron de la Factory, à qui je recommande fortement d’aller découvrir le reste de l’exposition.
 
Warhol s’affiche!
Musée des beaux-arts de Montréal | Jusqu’au 15 mars 2015  

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