Sandra Chevrier, la talentueuse Montréalaise qui expose ses toiles à Miami grâce à Swizz Beatz et Alicia Keys
Louis-Philippe PilonLe souvenir de la manière dont j’ai découvert le travail de Sandra Chevrier m’échappe, je me rappelle uniquement que, dès le départ, la qualité de ses œuvres m’a frappé. Au fil des ans, via notre «amitié» Facebook, j’ai pu suivre l’évolution de sa production et constater l’ampleur de son immense talent. Elle présente ce mois-ci quelques tableaux à la Galerie C.O.A — dont deux toiles grand format jamais vues auparavant — dans le cadre du «group show» Play et elle s’envole ensuite pour le Scope Art Fair de Miami. Le moment est donc bien choisi pour découvrir ce joyau méconnu du monde de la peinture québécoise.
Originaire de Rosemère et installée à Montréal, Chevrier se consacre à la peinture à temps plein depuis environ deux ans et demi, tout en s’occupant de son fils de cinq ans. Lorsque je lui demande comment elle en est venue à vivre de son art, elle me décrit un parcours assez commun: «Je pense que la majorité des artistes répondent à peu près la même chose: quand j’étais petite dans les partys de famille, plutôt que d’aller jouer aux cartes avec les autres, j’allais dans un coin faire du bricolage et dessiner. Au secondaire, tout s’est concrétisé, je ne me voyais pas faire autre chose, donc je suis allé à l’UQAM faire un bac en arts visuels.»
Au fil du temps, le travail de Chevrier a beaucoup évolué. Ses premières toiles, réalisées vers 2010, sont plus chargées, présentant des créatures hybrides mi-humaines, mi-animales. Aujourd’hui, ses compositions sont beaucoup moins denses. Sa série Super Héros présente des portraits de femmes auxquels elle ajoute des images tirées de comic books, amalgame de la peinture et du collage. C’est d’ailleurs en tapissant une commode pour son fils qu’elle a eu l’idée d’utiliser l’iconographie des super héros. Elle m’explique son évolution: «Cela s’est fait inconsciemment. Je pense que j’ai compris que je n’avais pas besoin de trop “charger” mon travail, parce que le message peut passer tellement facilement avec juste un portrait et un petit quelque chose d’autre que tu rajoutes.» Le résultat est une image frappante qui met en valeur la féminité dans ce quel a de plus forte.
Sandra Chevrier, La Cage rien n'est impossible
Sandra Chevrier, La Cage avant quil ne soit trop tard
Comme je le mentionne plus haut, c’est à travers Facebook que j’ai découvert cette superbe artiste. Les médias sociaux ont joué un rôle déterminant dans la propagation de sa production: «J’ai beaucoup misé sur les médias sociaux, c’est ce qui a fait que j’ai pu aller me chercher une clientèle locale, après que les gens aient vu que mes trucs fonctionnaient à l’international.»
L’apogée de cette dissémination virale est survenu dernièrement, quand le producteur Swizz Beatz (mari d’Alicia Keys) l’a contactée afin d’exposer son travail à Miami, dans le cadre de Scope Art Fair. «C’est tombé un peu du ciel, c’est grâce à Instagram qu’il a connu mon travail. J’ai eu la chance de lui parler plusieurs fois, nous sommes vraiment en train de travailler ensemble pour le futur. Alicia Keys capote sur mon travail. (Me dit-elle, l’air un peu abasourdi.) Ce qui est bien, c’est qu’il est vraiment sérieux dans sa démarche. Vu de l’extérieur, ça peut être facile de dire “oui, il a beaucoup d’argent, il peut se le permettre”, mais ça fait longtemps qu’il étudie le monde de l’art. Il a eu un mentor, un artiste-peintre italien, qui lui a appris comment fonctionnait le marché de l’art. Au départ, il collectionnait du Warhol, du Basquiat, du Dali, puis il s’est dit “pourquoi ne pas encourager les artistes de la relève et utiliser mon influence pour les faire connaître.” C’est complètement fou: si lui ou Alicia post une image de mes toiles sur Instagram, c’est 2000 nouveaux followers que j’acquiers en une journée.»
En plus de Play et du Scope Art, Sandra prépare aussi un show pour la prestigieuse galerie new-yorkaise Jonathan Levine, qui aura lieu en juin prochain. «Je suis en production pour ça. Quand j’ai commencé, c’était la galerie que je visais, celle qui était au top pour moi. Je niaisais avec Jean-Pascal, mon partner: "L’année prochaine, tu vas voir, ils vont nous appeler.” Puis c’est réellement arrivé. C’est une belle visibilité et c’est des gros noms qui passent là.»
Exposition Play
Galerie C.O.A | 6405 St-Laurent | sandrachevrier.com
Sandra Chevrier, La Cage quand la peur s'effondre
Sandra Chevrier, La Cage où les gens pleurent