Le Plateau compte employer les grands moyens dans le dossier qui l’oppose aux Bobards. Une injonction pourrait obliger le bar à arrêter de tenir des spectacles.
Aux prises avec de nombreuses plaintes de bruit récurrentes, le bar situé au coin de Saint-Laurent et Marie-Anne compte demander un permis de diffusion de spectacles, ce qu’il ne possède pas depuis son ouverture il y a une quinzaine d’années.
Même s’il n’a actuellement qu’un permis de débit de boisson, l’établissement programme chaque semaine des spectacles de musiques du monde, notamment la soirée hebdomadaire de la légendaire troupe d’improvisation Kalumnity. Dans une entrevue parue dans le 24 heures de ce matin, le propriétaire du bar a affirmé qu’il comptait déposer sa demande à la fin du mois de février.
Menacé de poursuites par des citoyens, l’arrondissement du Plateau Mont-Royal veut, quant à lui, presser le mythique bar d’en faire la demande au plus vite, en adoptant une résolution municipale qui pourrait éventuellement mener vers l’envoi d’une injonction. À travers cette action, la conseillère Christine Gosselin veut «inciter à agir» le bar.
Débat vif et enflammé
Notamment révélée au grand jour par la campagne Save The Plateau, fondée par Vincent Stephen-Ong du Kalumnity, toute cette histoire entourant Les Bobards a rapidement polarisé les débats. Alors que certains y voient une attaque à la vie culturelle du Plateau, d’autres considèrent tout simplement qu’il est normal de respecter les citoyens du quartier, en limitant les bruits et en se procurant les permis nécessaires.
Le problème est évidemment beaucoup plus large que ça. À Montréal, beaucoup de bars ne peuvent bénéficier d’un permis de diffusion de spectacles puisque la zone dans laquelle ils résident n’est pas conforme à une telle pratique. Ainsi, beaucoup de rénovations doivent avoir lieu pour permettre l’octroi d’un permis, ce qui entraîne des coûts faramineux et, souvent, une fermeture temporaire.
Des bars du centre-ville comme L’Escalier et plusieurs autres du Plateau comme le Divan orange font face à de telles situations qui, à plusieurs égards, ont dégénéré.
L'union fait la force ?
Dans cette optique, le Réseau des scènes alternatives du Québec (RSAQ) a tenté, il y a quelques mois, de regrouper ces différents établissements qui, même s’ils ne sont pas conformes au niveau municipal, font la promotion de la musique émergente, sans recevoir de soutien financier des paliers gouvernementaux.
«Tout le monde est d’accord pour outiller la relève musicale, mais l’outil principal de ces artistes est bien souvent la salle dans laquelle ils jouent», faisait remarquer la cofondatrice du réseau, Karine Bénézet, dans une entrevue accordée au Voir. «Notre but principal est d’offrir à nos membres une reconnaissance auprès des instances municipales jusqu’aux ministères puisque c’est un sujet qui touche tout le Québec.»
En espérant que les choses avancent, et qu’une salle aussi mythique que Les Bobards puisse continuer de mettre de l’avant la musique alternative, sans avoir à tout bout de champ des bâtons dans les roues.