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Victime de la porn: de combien d’yeux t’as besoin?
Crédit: Catherine Normandeau

Il y a un rush à être applaudi par plein de monde. Quand ça arrive, il y a quelque chose qui te gâte dans le cerveau parce que tu te sens super bien. À plus petite échelle, c’est un peu la même chose quand on obtient plein de likes sur un statut Facebook. (Ou une chronique.) Et il y a sûrement le même genre de rush quand la photo de ton corps score fort sur Instagram.

10… 100… 500… 1k!

Le nombre n’a même pas besoin d’être si grand que déjà, le nom des likeux n’est plus si important. Tu les perds de vue. Ça ne vient qu’une question de quantité. Le nombre total de petits thumbs-ups. De micro-finger fucks. C’est de l’approbation par petits morceaux qui servent de fix pour l’égo. Et comme tous les fix, ça ne dure jamais longtemps.

Ça arrive. Tu le reçois. Puis, ça s’en va. C’est souvent la même chose avec le cul. Plusieurs conquêtes de suite permettent de te sentir vivant à coup de petits moments. Des courts instants tripants aux calories pas fiables où chaque orgasme procuré est comme une clap.

Puis, ça repart. 

Comme une vague agace, impossible à retenir. Il faut attendre la prochaine. Mais est-ce qu’elle existe? Est-ce qu’elle sera aussi grosse? (Ahah, je perds le contrôle de mon analogie!) Quand elle se fait trop attendre, on commence à être désespéré. On se met à coucher avec un peu n’importe qui. On se met à écrire un peu n’importe quoi. On se met à abuser sur l’autopromotion avec 1000 photos de notre popotin partout.

Des gros « REGARDE-MOI!!! » pas toujours subtils.

Il reste qu’à travers ces moments de gloires plus ou moins gratifiants, il y a des passes où l’on se rend bien compte que certains yeux valent plus que d’autres. Finalement, l’approbation des ginos, ce n’est pas aussi grisant pour l’égo. L’encensement douchebagien, ça le fait un peu moins. Mais quand tu tombes sur quelqu’un avec qui le lien est un peu plus profond, tu le remarques.

La vague vient et ne repart pas toute. Il y a quelque chose qui reste, et qui donne le goût de rester. Un genre de like plus consistant qui donne envie de slaquer sur la quantité et d’opter pour un peu plus… d’intimité.

D’ailleurs, la question « philosophe batté » de la semaine : est-ce que l’intimité se génère dès qu’on se donne la peine de s’attarder à quelqu’un ou est-ce plutôt l’envie de s’attarder à quelqu’un qui se déclenche du moment où l’on décèle une certaine proximité?

En tout cas, les deux stratégies à l’extrême donnent des problèmes. Choisir la première personne qu’on croise sur la rue pour essayer de tomber en amour avec, c’est une excellente façon de s’humilier. Et à l’autre opposé, butiner 400 conquêtes par année, ça rend difficile de savoir sur qui s’arrêter.

L’idéal est sûrement quelque part entre les deux. Assez d’échantillons pour arriver à filtrer un peu. Quelques petits likes qui deviennent des commentaires. Des commentaires qui se transforment en discussions. Des discussions qui mènent à des rencontres, en espérant qu’un moment donné, l’intimité finira par popper. L'intimité, ce niveau un peu magique où tout devient un peu plus vrai. Ces moments où l'on se jase de proche avec le petit écho de nos poitrines collées. Collées, et étanches. 
 

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