Toute la semaine, j’ai entendu en sourdine à la radio et lu brièvement dans les journaux les développements entourant le puissant séisme survenu samedi dernier, au Népal, près de Katmandou. D’une magnitude de 7,8 sur l’échelle de Richter, ce tremblement de terre serait le plus meurtrier dans le pays depuis 80 ans. Pour vous donner une idée, le séisme le plus fort enregistré au Québec dans les 60 dernières années a eu lieu en 1988 et a été évalué à 6,2 sur l’échelle de Richter. Pourtant, devant l’ampleur de la catastrophe népalaise, je n’ai pas ressenti, dans les médias ou dans l’opinion publique, l’urgence de la crise et la mobilisation de la population. On se souvient de l’incroyable implication déployée pour venir en aide aux victimes des séismes successifs de 2010 en Haïti. Évidemment, le nombre de victimes était plus élevé, mais la population s’était rassemblée massivement et sans attendre. Dans le dossier népalais, il semblerait que tout le monde sache, mais que personne ne réalise la gravité de la situation et ne se mobilise. Avez-vous cette impression ?
Pourtant, les derniers chiffres sont alarmants et font état de 6204 morts et 13 932 blessés. Un responsable du ministère de l’intérieur népalais «s'attend à ce que le bilan, humain et matériel … dépasse celui du séisme de 1934, qui avait près de 8 500 morts.» 8 millions de personnes sont touchées de près ou de loin par la catastrophe. L'ONU parle de 70 000 maisons détruites et de 530 000 endommagées dans 39 des 75 districts du pays. La tour Bhimsen, haut lieu historique de Katmandou, s’est effondrée, faisant prisonnières des dizaines de personnes. Des gens attendent toujours de l’aide. La Chine, l’Inde et le Bangladesh comptent aussi des morts.
Des régions éloignées dans le besoin
Si la capitale népalaise a été durement atteinte, plusieurs villages éloignés l’ont également été. Certaines zones rurales et montagneuses recluses ne sont accessibles qu’à pied et se trouvent à plusieurs jours de marche de Katmandou, compliquant ainsi l’accès aux secouristes. Les populations se retrouvent donc dans le plus grand besoin, sans eau, nourriture, médicaments ou soins. Plus les jours passent, plus les autorités craignent une crise sanitaire. Les gens dorment dehors et dans le froid. Tout a été détruit : hôpitaux, écoles, maisons, etc. Les rescapés se sentent abandonnés et laissés à eux-mêmes, déclarant que personne ne s’arrête dans leur village pour leur venir en aide. Plusieurs randonneurs et alpinistes se trouvaient aussi dans ces régions.
La reconstruction
Les médias parlent de 2 milliards de dollars pour la reconstruction. Dans les zones rurales, les habitations n’ont pas résisté aux secousses sismiques. Construites avec des pierres et de l’argile, mais sans ciment, ces maisons sont précaires et fragiles. Heureusement, les bâtiments de la capitale ont mieux résisté, mais la ville de Katmandou demeure fortement touchée. Selon les experts «Architectes de l’urgence», la mission de reconstruction durera des années. Les architectes commenceront par les bâtiments publics, souvent les lieux où sont dispensés le plus de soins, et établiront la planification de la reconstruction ensuite.
La misère
On parle beaucoup des ressortissants canadiens pris là-bas qui blâment Ottawa et le consulat canadien à Katmandou de ne pas en faire assez pour les rapatrier. Croyez-moi, je serais la première à être vraiment contente qu’on me sorte au plus vite de cet enfer, mais qu’en est-il des populations locales? Nous, on sait qu’une maison nous attend chez nous. Des soins, un compte de banque, des assurances et un avenir. Demain, cela fera déjà 7 longs jours que le séisme a sévi et bien que la situation soit de mieux en mieux encadrée, elle semble encore loin d’être sous contrôle. La Croix-Rouge canadienne a déployé cette semaine une équipe spéciale de renfort, mais un article «du Monde» nous apprend que les Népalais «fustigent contre le gouvernement, l'accusant de lenteur dans la distribution de l'aide internationale». Les images du séisme sont terrifiantes et décourageantes. On ne réalise pas la chance qu’on a.
Et si ça arrivait ici?
On chiale souvent sur nos vies, sur nos petites misères quotidiennes (nids-de-poule inclus!) et bien que simpliste comme raisonnement, si on se compare avec ce qui attend le peuple népalais, on n’est vraiment pas à plaindre. Bien sûr que tout est relatif et que l’échelle du malheur est bien subjective et personnelle, mais je crois qu’on n’a pas idée des conditions de vie de ces gens, et encore moins de celles qui les attendent dans les jours, semaines et mois à venir. Si nous vivions un tel cataclysme, l’aide s’organiserait plus rapidement et plus efficacement. Je nous invite donc, gens plus fortunés, chanceux et profitant d’un confort certain, à ouvrir notre cœur et notre…porte-monnaie.
Pour faire des dons à la Croix-Rouge canadienne au profit du Fonds Séisme au Népal et dans la région.