Question de te faire désirer la saison chaude qui s’en vient, on fait un doigt d’honneur à l’hiver. Programme cinéma plein de soleil à consommer en journée de pluie (parce que quand y fait beau, on reste pas devant la tivi). Cinq films pour te faire sentir la chaleur du soleil sur ta peau, version «fabriqués au Québec».
1. Léolo
Jean-Claude Lauzon, réalisateur parti trop tôt de ce monde, nous lègue un des plus beaux objets cinématographiques de notre paysage québécois avec une trame sonore de Tom Waits, des Rolling Stones et une Ginette Reno en mère qui fait caca devant son Léo. Film qui mêle les rêves inventés du jeune Léolo à son quotidien de famille pauvre et trash. Une misère humaine traitée avec humour et poésie. L’avalée des avalés, seul roman de la maison, suivra le protagoniste. Des amours inventés avec la jeune voisine sicilienne. Léolo, enfant né des causes d’une tomate qui aurait fécondé la mère. Famille instable au lourd passé psychiatrique. Un frère obsédé par sa prise de masse. Une jeune soeur épileptique. Un univers où l'on ressent la crasse dégagée par la chaleur sur la saleté. Des chocs qui te feront rire et pleurer.
2. Maman est chez le coiffeur ex aequo avec C’est pas moi, je le jure!
Deux films, deux histoires qui se ressemblent, variation sur le même thème. Une mère de famille qui quitte le nid familial subitement, laissant mari et enfants sans se retourner. Léa Pool réalise un de ses plus beaux films avec Maman est chez le coiffeur. Isabelle Hébert en signe le scénario. Philippe Falardeau, quant à lui, à la réalisation de C’est pas moi, je le jure!, adapté du roman de Bruno Hébert. La fiction inspirée de l’histoire autobiographique d’un frère et d’une soeur. Deux différents regards pour traiter de l’histoire tel que vécue par les enfants subitement troublés en plein période de vacances d'été. L’intensité des émotions portée par le drame, la beauté qui découle du mal. L'amour d'une famille qui s'aime mal, mais qui s'aime. Un regard féminin d’un côté et masculin de l’autre avec cette douce sensation du vent chaud de l’été qui te passe dans les cheveux.
3. Nos vies privées
Un chalet dans le bois québcois où se retrouveront des amoureux nés d’une rencontre sur Internet. Les rapprochements, la complicité et le dérapement. Les arbres d’une forêt pour cacher le chalet en retrait. Les amoureux qui se connaissent sans se connaître et qui se découvrent. Les conflits s’installent et on ne se comprend plus. L’histoire dérape sur l’irréel. Un monstre caché dans un tas de ferrailles. Une attaque mystérieuse. Deux acteurs bulgares qui se parlent en bulgare. Un film de Denis Côté, cinéaste qui aime faire le cinéma d’une autre façon. Rafaël Ouellet à la direction photo.
L’histoire de Nicole qui ne dort pas bien le temps d’un été sur la Rive-Sud. Bruit de fan, piscine, bicyclette, crème glacée, mini-putt, l’été dans ce que ça peut avoir de plus beau en surface, mais qui finit aussi par cacher un peu de laid. Un frère qui pratique avec son band, un amour manqué, l’acharnement de la séduction d’un petit gars à la grosse voix d’homme, une amitié qui s’effrite et au final, une libération. Un des meilleurs films parus l’année dernière. Une histoire sans histoire de Stéphane Lafleur. De la musique d’Organ Mood. Feeler l'été.
Se lancer dans l’univers d’André Forcier reste toujours une aventure particulière. Son Coteau Rouge nous fait traverser le pont pour aller sur la South Shore. Vie de banlieue, lieu de tous les possibles. Roy Dupuis en contracteur-entrepreneur plein de cash qui chie des condos sur le bord du fleuve pour offrir aux plus nantis le soleil et la vue. Acheter les terrains des ouvriers pour les transformer en condos. Le fléau de la gentrification exploité par Forcier dans un film où la classe ouvrière et l’unité des masses l’emportent sur les plein de cash. Drôle et intelligent.