C’est souvent mal vu de vouloir baiser les lumières fermées. Comme si c’était un truc qu’on réserve aux gens laids. Dire à quelqu’un que tu préfères le baiser dans le noir, c’est un peu comme lui dire qu’il a une bonne face pour faire de la radio. Ou bien c’est toi qui passes pour le kid complexé qui tient à garder son t-shirt dans la piscine.
Pourtant, c’est surprenant à quel point le sexe dans le noir, c’est juste un trip différent.
Bon, c’est sûr que si t’en profites pour t’imaginer avec quelqu’un d’autre, c’est un peu triste, mais la plupart du temps, ça permet surtout à tout le monde d’être moins conscients de l’image qu’ils projettent. Quand tu réfléchis moins à ton corps ou à la face que tu fais, c’est plus facile de t’abandonner et de te concentrer sur les bonnes affaires.
Ça change vraiment toute l’expérience. Après tout, voir un beau cul et tâter un beau cul, ce sont des trips différents. En fait, les culs les plus agréables à regarder ne sont pas toujours les plus agréables à tâter. Et vice versa. Mais surtout, perdre notre sens de la vue permet souvent d’atteindre un genre de mode Daredevil où tous nos autres sens s’en voient accentués.
Bon, c’est sûr que ne rien voir, ça rend le processus un peu plus maladroit. Tu peux te prendre un genou sur la gueule en précipitant un changement de position. Tu peux aussi être mal enligné et frencher l’autre dans le nez. Et tu ne te sentiras pas particulièrement champion la fois où tu vas te surprendre à cunnilinguer la douillette. Mais ce n’est pas grave!
Le seul réel désagrément, c’est quand vient le temps de mettre la capote. Non seulement ça demande pas mal de dextérité, mais ce n’est pas ce qu’il y a de plus sécuritaire non plus. C’est là qu’on aimerait être lesbienne! Si tu te sens un peu galant, tu peux laisser le temps à l’autre de se protéger les yeux avant d’ouvrir la lumière. Et si tu te sens un peu pionnier, tu peux te servir de la flashlight de ton mobile.
Il reste que même avec ces quelques secondes poches à protéger nos petits yeux plissés, il n’y a pas grand-chose de plus cool dans la vie que ces baises endormies de milieu de nuit où l’on ne voit rien pantoute.
D’ailleurs, je suis retombé sur de la porn audio cette semaine. Peu de gens savent que ça existe et pourtant, c'est d’une surprenante efficacité. On comprend mieux pourquoi certains payaient 5-10$ la minute pour jaser au téléphone avec des madames qu’ils n’ont jamais vues.
La porn audio laisse toute la place à l’imagination comme dans la littérature érotique, mais sans avoir à garder nos yeux sur un bouquin ou un écran. En même temps, elle est à l’opposée de la porn traditionnelle parce qu’au lieu de tout montrer en gros plan, on ne montre absolument rien.
En fait, si la porn s’efforce autant de tout montrer, c’est justement parce qu’elle ne peut rien offrir d’autre. En baisant dans le noir, on ne voit rien, mais on ressent tout.
Mais bon, je suis loin de dire que c’est poche de baiser à la clarté. Au contraire! Si un jour j’ai la chance de me pogner Megan Olivi, je vais peut-être même installer quelques spots supplémentaires. Je dis juste qu’en enlevant la lumière, c’est une façon simple et cool de vivre les mêmes moments forts sous un angle différent.
Si t’es toujours incapable de comprendre le trip de baiser avec les lumières fermées, t’as juste à essayer de frencher les yeux ouverts. D’habitude, ça devient bizarre assez vite.