Dans le cadre du Festival Mode & Design, Montréal reçoit le photographe Adam Katz Sinding, un photojournaliste de mode qui s’est fait connaître à travers son site web Le 21ème. Avec le tagline: «This is NOT a streetstyle blog», il va sans dire que M. Katz Sinding a des opinions bien arrêtées sur l’univers dans lequel il évolue. Il nous fera part de ses réflexions lors d’une conférence intitulée La mode sous un autre œil, le jeudi 20 août à 17 h 30. Afin de vous donner un avant-goût de ce que vous pourrez y entendre, je me suis entretenu avec ce sympathique gentleman qui se décrit parfois comme antisocial, mais qui semble un peu dur envers lui-même.
C’est un peu par hasard qu’Adam Katz Sinding est devenu photographe de mode. Il a commencé à prendre des photos pour le plaisir, puis au fil du temps, il s’est créé une niche bien à lui dans ce milieu ultra compétitif. J’étais curieux de savoir sous quel angle il appréhende ce monde parfois un peu hermétique: «C’est la mode en tant que moyen d’expression qui m’intéresse, c’est le but premier de la chose. C’est sûr que c’est aussi un moyen d’étaler sa richesse et ses goûts, mais c’est surtout selon moi un moyen d’exprimer sa personnalité. Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui sont intéressés par la mode pour les bonnes raisons, mais je reste conscient qu’il s’agit aussi d’une business.» Tout au long de notre entretien, Katz Sinding me donne l’impression d’être extrêmement motivé par l’aspect artistique de son travail, le côté plus promotionnel et commercial constituant surtout un irritant nécessaire.
Crédit: Page Facebook Le 21ème
Cette impression n’est que renforcée lorsque je lui demande de m’expliquer comment il se définit, de manière professionnelle: «Je préfère me considérer comme un photojournaliste, même si je fais aussi du travail commercial comme des campagnes et des lookbooks. C’est un peu des deux. Mais si quelqu’un me demande ce que je fais dans la vie, je réponds que je suis photographe. Puis, s’il me demande dans quel domaine, je réponds la mode. Je dirais que Mario Testino et Jürgen Teller sont des photographes de mode, mais ce n’est pas ce que je fais. Je suis dans la rue et je rapporte ce que je vois; je ne fais pas de la création.» On constate ici un fort sentiment d’appartenance au milieu journalistique.
Cette idée fixe journalistique, en opposition au phénomène streetstyle, se traduit aussi dans la recherche de clichés de qualité, plutôt que dans la quête de l’instantané. Une tendance récente qu’il constate dans le milieu: «Je remarque que de plus en plus de mes confrères font des instant uploads. Ils shootent, puis envoient immédiatement leurs clichés à l’aide d’un transmetteur portable. Tandis que moi, je ne publie mes photos que le lendemain, ils ont donc l’avantage dans cette situation. Mais je ne veux pas faire ça, je trouve que ça ressemble un peu trop au travail de paparazzi. Ça ne devrait pas être qui publie la photo le premier qui compte. Je préfère essayer de prendre la meilleure photo possible et ça ne devrait pas être important quand je la mets en ligne. Je n’aime pas le déficit d’attention qui nous afflige en tant que société; mon but est de prendre une photo de qualité que les gens voudront regarder plus d’une fois.»
Crédit: Page Facebook Le 21ème
Lorsque l’on discute avec lui, on comprend immédiatement que Katz Sinding est passionné par son travail. Il n’est pas du genre à se fixer des buts précis, préférant prendre la vie comme elle vient et en tirer le maximum. «Prends le fait de venir à Montréal. J’ai toujours voulu visiter la ville et mon travail me permet de le faire. Je pourrai prendre des photos de nouvelles personnes, y découvrir une nouvelle architecture et ça garde le tout pertinent et frais. Imagine si ton travail te permet de découvrir le monde et de prendre des photos, I guess I’m pretty fucking lucky…» Je ne saurais le dire de manière plus élégante.
Adam Katz Sinding: Le photo-journaliste mode
Conférence du Festival Mode & Design
Jeudi 20 août à 17h30 au Musée d'art contemporain de Montréal