Le mois d’octobre se fait sérieux côté cinéma. Scouts Guide to the Zombie Apocalypse est tentant, mais on ne sait trop où se placer sur l’échelle de l’excitation (voir: les autres films très bof du même réalisateur, Christopher B. Landon). Sinon, au bas de l’échelle se trouve le tragique passage de dessin animé à «live action» de Jem and the Holograms. La bande-annonce laisse présager le massacre de ce qui aurait dû être un rêve d’enfance devenu réalité. Pour ce qui est du bon, on te le fait défiler en 10 points.
1. Ville-Marie
Guy Édoin et son film choral avec ses belles en tête d’affiche: Monica Bellucci et Pascale Bussières. Quatre destins qui se croisent. Bussières reprend son rôle de Marie (présentée dans Marécages), mais pas là où elle l’avait laissé. Plongée dans la congestion des urgences, elle travaille comme infirmière à Montréal, loin de la campagne. Le temps lui manque pour connecter avec son fils. Des ambulanciers comme collègues et amis (Patrick Hivon, Louis Champagne). Des remises en question. En visite à Montréal, Sophie (Bellucci) s’y trouve pour tourner le film de sa vie. Montréal, ville où habite son fils Thomas (Aliocha Schneider). Des tentatives de communication. Des explications. La vie et les difficultés de la vivre. (9 octobre)
Dennis Nash (Andrew Garfield), sa mère (Laura Dern) et son fils se font évincer de leur logement après le passage du huissier Rick Carter (Michael Shannon). La fin du confort de l’American Dream. Les États-Unis de 2008 et les conséquences de son économie en déclin. Sans moyen pour subvenir aux besoins de sa famille, Dennis accepte de devenir le sous-employé de Rick. Il se retrouve à porter le rôle du persécuteur et à accomplir les lourdes tâches du huissier. Rick s’en met plein les poches et Nash se voit devenir quelque chose qu’il ne veut pas. Ramin Bahrani (Man Push Cart) continue son droit chemin de film à teneur sociale après son At Any Price, qui reste à oublier. (9 octobre)
3. Crimson Peak
Conte d'amour, d’horreur et de sang. Le dilemme d’un amour. Edith Cushing en romancière amoureuse du Docteur Alan McMichael, un amour de jeunesse. Amour qui sera brouillé par la rencontre du mystérieux Sir Thomas Sharpe, doyen de Crimson Peak. La sombre énigme qu’est la soeur de Thomas, Lady Lucile Sharpe. Edith communique avec l’au-delà, habitée par le fantôme de sa mère. Les esprits lui révèleront les secrets hantés du manoir. L’attendu film de Guillermo Del Toro (Le Labyrinthe de Pan) nous dévoilera son univers gothique romanesque aux paysages de neige tachée de sang, qui se passe au début d’un autre siècle. Un casting chaud fait de Mia Wasikowska, Jessica Chastain, Tom Hiddleston et Charlie Hunnam. (16 octobre)
4. Bridge of Spies
Nouveau Spielberg avec un scénario écrit par les frères Coen (et un autre gars: Matt Charman). L’épopée de James Donovan (Tom Hanks), avocat qui se retrouve à défendre la cause de libération d’un pilote-espion d’U-2, Francis Gary Powers (Austin Stowell), malgré un manque d’expérience à ce niveau. L’Union soviétique derrière l’attaque; on est en pleine Guerre froide. Adapté d’un fait vécu, Spielberg semble se mettre en mode classique/drame historique et on s’ennuie du côté plus fantastique du réalisateur, mais reste que Spielberg est Spielberg. E.T. téléphone maison. (16 octobre)
5. Jafar Panahi's Taxi
Trois caméras pour filmer l’intérieur d’un taxi chauffé par Jafar Panahi. Le tournage caché, moyen trouvé par le réalisateur pour se détourner de la censure iranienne. Film scénario aux allures de documentaire pour sentir de plus prêt la présence d’une population iranienne vivante qui s’exprime. Panahi, réalisateur iranien vivant toujours en terre natale, à qui l’on a enlevé le droit de faire des films en 2010 et celui de quitter l’Iran ou d’accorder des entrevues. Dans ce même contexte de censure, le réalisateur a déjà livré Ceci n’est pas un film en 2011. Taxi a reçu l’Ours d’or au dernier Festival de Berlin. (16 octobre)
Le début de l’histoire remonte presque 20 ans en arrière avec Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) du même réalisateur. Paul Dedalus (Mathieu Amalric) en période de remise en question sur sa vie, sa profession, son amour pour Esther. Vingt ans plus tard, Trois souvenirs de ma jeunesse et l’état introspectif de son protagoniste. Retour sur son âme d’adolescent aventurier au parfum romancé. Sa rencontre inévitable avec Esther. Arnaud Desplechin (Un Conte de Noël) et son dernier film qui semble être un de ses plus accomplis. Tant mieux pour nous. Deux jeunes révélations en personnages principaux: Quentin Dolmaire en Paul et Lou Roy-Lecollinet en Esther. (16 octobre)
7. The Forbidden Room
Guy Maddin, cinéaste hors norme qui nous balance des univers à la poésie glauque et qui ne se prend jamais au sérieux (à voir: My Winnipeg). The Forbidden Room, c’est plein d’acteurs dans un même film: Roy Dupuis, Clara Furey, Louis Negin, Mathieu Amalric, Géraldine Chaplin, Marie Brassard, Udo Kier, Sophie Desmarais, Charlotte Rampling, Paul Ahmarani, Karine Vanasse, Jacques Nolot, Amira Casar et Caroline Dhavernas. (!!) Le récit fantastique est mené par un coureur des bois qui apparait subitement dans un sous-marin où les membres de l'équipage se trouvaient prisonniers, les libérant ainsi. Se mêlent au délire un chirurgien, des enfants-soldats et des bandits en forêt. Une aventure qui se place du côté plus expérimental du cinéma comme on n'en a pas souvent la chance d’en voir sur grand écran. (23 octobre)
Ma (Brie Larson), une mère et son enfant, Jack (Jacob Tremblay), cloîtrés dans une chambre à la dimension restreinte de 10×10. Jack, 5 ans, n’a jamais vu autre chose que les quatre murs de cette chambre et ne connait pas un instant de vie séparé de sa maman. Ma entame lentement l’explication du monde extérieur à son fils. L’histoire de leur enfermement remonte avant la naissance du jeunot. Ma enlevée, séquestrée et violée donnera naissance à l’enfant qu’elle nommera Jack. Ils s’enfuient. La liberté retrouvée et les défis de cette nouvelle réalité qui les brusque. Le réalisateur Lenny Abrahamson (Frank) adapte le roman du même nom d’Emma Donoghue dans ce drame avec lumière au bout du tunnel. (23 octobre)
9. Victoria
Le trip du plan-séquence dans lequel se lance Sebastian Schipper. Victoria (Lala Costa), une Espagnole à Berlin, sort dans les clubs de la métropole, rencontre des individus un peu casse-cou, flirte, puis voit son potentiel plan romantique complètement chamboulé. Victoria se retrouve au service d'une bande d'Allemands hors-la-loi. Pas de faux raccords, pas de triche. 138 minutes de cinéma sans coupe. Ours d’argent au dernier Festival de Berlin. (30 octobre)
10. Les Démons
Félix, jeune garçon de 10 ans et les tourments de sa vie familiale, à l’école. Drame qui se passe à hauteur d’enfant avec tout l’imaginaire qui peut l’entourer. Un drame sombre aux plans-séquences qui s’enchaînent, question de poser son regard sur les propos du récit sans cligner des yeux. Film québécois réalisé par Philippe Lesage (frère de l’autre Lesage, Jean-François, qui nous avait livré Conte du Mile-End), film à l’esthétique travaillée et au récit pensé. Avec le jeune Édouard Tremblay-Grenier, et Laurent Lucas et Pascale Bussières en parents. (30 octobre)