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​Le triomphe de Jean Leloup : Quand l’ADISQ fait du rattrapage
Crédit: Paméla Lajeunesse

Jean Leloup a été le roi incontesté du 37e Gala de l’ADISQ dimanche soir. Une seule question persiste : pourquoi l’ADISQ a mis tout ce temps avant de récompenser le Wolf à sa juste valeur?

En plus de 25 ans de carrière, Jean Leloup n’avait amassé qu’une maigre récolte de neuf trophées. Depuis hier, il en a maintenant 14. Pourtant, le nombre de succès du chanteur québécois est incroyable. Mais l’ADISQ a, plus souvent qu’autrement, sous-estimé son talent.

En 1989, il fait son entrée sur la scène musicale québécoise avec son succès Alger. L’ADISQ le nomme pour la découverte de l’année et, même, pour l’interprète masculin. Il est défait par Roch Voisine – ce que l'on peut comprendre très facilement puisqu’à l’époque Leloup n’a qu’un succès embryonnaire, contrairement au beau Roch qui multiplie les prouesses des deux côtés de l’Atlantique.
 

L’année d’après, il perd la catégorie de l’album rock de l’année contre Les BB. Évidemment, ce premier disque de Jean Leloup, Menteur, est loin d’être excellent. Au niveau qualité, celui des BB ne fait pas meilleure figure, mais au niveau des ventes (qui comptent pour un pourcentage du vote final), il l’emporte haut la main.

Là où le bât blesse, c’est en 1991, année où il fait paraître son premier chef-d’œuvre L’amour est sans pitié. Qu’il perde la catégorie de l’interprète masculin (contre Luc De Larochelière), on peut comprendre (vu que c’est le public qui décide), mais qu’il soit écarté de la nomination de l’auteur ou compositeur de l’année et, surtout, de la chanson populaire de l’année (on rappelle que le tube ultime 1990 est sorti à cette période), c’est relativement inadmissible.

Rien ne va plus en 1992 : son spectacle Halloween, qui récolte pourtant plusieurs nominations, est complètement boudé par l’ADISQ. Grand succès sur les ondes commerciales (et même en France), 1990 est encore écartée des nommés de la chanson populaire de l’année.

ENFIN un premier Félix

Mais ce n’est pas fini. En 1996, Leloup revient avec la pièce-maîtresse de toute sa carrière : l’indémodable Le Dôme. Quelques mois plus tard, il réussit ENFIN à mettre la main sur son premier Félix, dans la catégorie auteur ou compositeur de l’année, au gala de 1997. Reste que, considérant la dizaine de nominations de Leloup cette année-là, cet unique honneur a des airs de prix de consolation. D'ailleurs, son plus grand succès I Lost My Baby mord la poussière.
 

Leloup aura une première reconnaissance unanime de l’ADISQ en 1999, à la sortie de son album Les Fourmis. Il emporte coup sur coup les Félix de l’album rock, de l’auteur ou compositeur, du réalisateur de disque, du spectacle et du vidéoclip de l'année. Malgré tout, Leloup ne fait pas le poids face à Notre-Dame-de-Paris dans les catégories de pointe, choisies par le public. Il se fait tasser par Bruno Pelletier dans les catégories de l’interprète masculin et de la chanson populaire de l’année.

L'obligatoire rattrapage

Durant la décennie 2000, il obtient trois Félix : album rock pour La vallée des réputations en 2003, album alternatif pour Mexico en 2007 (sous son vrai nom Jean Leclerc) et album rock pour Mille excuses Milady en 2009. Cette moyenne récolte va de pair avec la qualité moins unanime de ces trois albums, qui n’est en aucun cas comparable à celle de ses deux précédents.

Reste qu’on a nos réserves face à la défaite de son excellent album live Exit dans la catégorie rock en 2004 face à Andrée Watters…
 

Ainsi, il va sans dire que l’ADISQ a fait du rattrapage cette année, en lui donnant cinq trophées. Un peu comme le fait chaque année les Grammy, le gala a possiblement voulu se racheter d’avoir échoué à reconnaître, à leur juste valeur, les principaux albums de l’artiste.  

Meilleure oeuvre de Leloup depuis le début du troisième millénaire, À Paradis City mérite sans doute tous ces honneurs. Mais il semble plutôt dommage que l'ADISQ ait patiemment attendu que Leloup soit consacré avant de réellement le reconnaître et lui offrir des honneurs qu'il aurait dû avoir il y a de cela fort longtemps.

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