Le cinéma de décembre fait preuve d’abondance. L’attente se termine ici pour le prochain Star Wars. On découvre du cinéma indépendant majeur. Un Carol déjà auréolé de prix et un Macbeth en furie. Le mythe de James Dean personnifié, Quentin Tarantino et David O. Russell à temps pour Noël. Les Mille et une Nuits arrivent comme un vent de renouveau pour le cinéma. Et ça continue. T’as qu’à te poser un instant et prendre le temps de digérer cette sélection du temps des Fêtes. Joyeux Noël! Que la force soit avec toi.
1. James White
La rage de vivre d’un jeune adulte à l’âme d’adolescent. James White (Christopher Abbott, ou Charlie dans Girls) vient de perdre son père. Il ne lui reste que sa mère (Cynthia Nixon, ou Miranda dans Sex in the City) que le cancer éloigne lentement de lui. Sortir, boire, se droguer. Il se défonce pour oublier la réalité qui, elle, reste. Frappé par son mal en plein coeur, pas d’autre choix que de se relever ou de continuer à s’enfoncer. Premier film pour le réalisateur Josh Mond, qui fait dans le genre indie américain (Prix du Public à Sundance). Abbott crève l’écran en endossant pleinement son rôle de jeune homme au bord de la crise de nerfs. Pour jouer la mère, Nixon donne tout de sa fragilité. Que coulent les larmes sur ton visage. (2 décembre)
2. Life
Après Control, Anton Corbijn s’intéresse à nouveau à une icône marginale à la vie trop courte. James Dean, à travers la lentille du photographe Dennis Stock. Les célèbres clichés de l’acteur pour le magazine Life. Dean à ses débuts dans le milieu du show-business. Sa nonchalance, ses mimiques, son attitude du je-m’en-foutisme. L’acteur confronté au producteur (Ben Kingsley), sa rencontre avec Nicholas Ray (Peter Lucas). La relation entretenue entre James et son photographe. L’esthétique travaillée de Corbijn pour magnifier la vie de la légende. Un jeune acteur au grand talent, Dane DeHaan (Chronicle, The Amazing Spider-Man 2) pour incarner Jimmy et son charisme. Robert «Edward Cullen» Pattinson en Dennis Stock, le photographe. (4 décembre)
Jeanette (Marie Brassard, Nô et Continental, un film sans fusil), femme au coeur malade et sa transplantation pour la sauver. Son emploi du temps: vendeuse de tickets pour le train de banlieue. Une vie sexuelle qui ne se consume plus avec Bruno (Hugo Giroux), son conjoint de longue date. Une idylle avec Albert (Francis La Haye, En terrains connus), jeune, fringant, doux, qui lui donne du bon sexe. Le coeur transplanté nouvellement approprié par son corps, l’amènera à la rencontre de Chibale (Youssef Camara), fils de la mère qui jadis porta le coeur de Jeanette. Film de Ryan McKenna au ton onirique et léger. En performance caméo, le super duo Amadou & Mariam. (4 décembre)
4. In the Heart of the Sea
L’incroyable épopée d’un capitaine et de son équipage qui croiseront la baleine monstre venue de l’océan. Chasse à la créature féroce. Périple qui aura raison de plusieurs vies. Histoire de survie. Herman Melville écoutant son sujet pour rédiger un des plus beaux objets de la littérature, Moby Dick. Ron Howard (A Beautiful Mind) qui s’en inspire pour présenter un film qui va au-delà du roman. Aux commandes du navire, Thor (Chris Hemsworth). Ben Whishaw (I’m Not There, Skyfall) en Melville. Thor vs la mer. (11 décembre)
Adapté du roman de Patricia Highsmith, The Price of Salt, Carol propose le mélodrame bouleversant d’un amour interdit entre deux femmes, en pleine Amérique des années 50 avec le climat social et les codes éthiques étouffants de l’époque. Une rencontre imprévue dans un magasin de Manhattan. La jeune Thérèse rencontre Carol, femme bourgeoise en mariage malheureux. Un road trip rapidement organisé. Le charme chaud de Carol opère sur Thérèse. La difficulté d'assumer un désir à étouffer prend le dessus sur la légèreté de l’amour. Cate Blanchett et Rooney Mara pour élever l’oeuvre de Todd Haynes (Far from Heaven, Mildred Pierce). Un film d’une grande beauté. (11 décembre)
6. MacBeth
Michael Fassbender est Macbeth et Marion Cotillard, Lady Macbeth. Shakespeare revisité par Justin Kurzel (The Snowtown Murders). L’épopée écossaise de l’homme qui fera couler le sang pour assouvir une soif de pouvoir alimentée par sa femme. Atteindre les hauts-rangs de la monarchie. Avec ses images à couper le souffle, certains reprochent justement ce côté un peu trop esthète qui nuit à la profondeur du récit. Reste que la beauté des plans retient notre souffle et que les deux acteurs principaux voleraient au sommet de l’art. Ceci devrait compenser pour cela. (11 décembre)
7. Star Wars: The Force Awakens
Très peu d’infos sur ce qui marque le début de la suite de la saga Star Wars. Le projet est chapeauté par J.J. Abrams (Star Trek, Super 8), ce qui nous évite de craindre le pire (voir volets 1 à 3 de la série). La période se situe dans l’après-chute de Darth Vader dans une galaxie lointaine, très lointaine. Les rebelles qui se battent contre l’empire. Harrison Ford retrouve Chewbacca. Chanter ici le thème. (18 décembre)
8. Les Mille et une Nuits
(L’Inquiet / Le Désolé / L’Enchanté)
Les Mille et Nuits, c’est l’appropriation des mots contés par Shéhérazade dans l’oeuvre littéraire, posée dans un contexte contemporain où l’économie se porte mal et frappe de plein fouet le dos du peuple dans un Portugal en déclin et en austérité. L’oeuvre triptyque du réalisateur Miguel Gomes (Tabou), qui a déjà soulevé les passions de l’autre côté de l’océan. Des acteurs de la fiction qui agissent dans une réalité entourée de non-acteurs. La poésie de la réalité, par moment triste. Une baleine explose et une sirène naît. Film social et politique qui propose une approche inventive au cinéma. (18 décembre (vol.1) / 25 décembre (vol.2) / 1er janvier (vol.3))
9. Brooklyn
L’Irlande, période post-Deuxième Guerre mondiale. Épaulée par un prête, Ellis Lacey (Saoirse Ronan, The Grand Budapest Hotel, Hanna) quitte sa terre natale et s’envole vers la terre promise des Amériques. L’éloignement familial se fait ressentir. Eilis travaille à construire une sécurité pour elle et sa famille. Un bel Italien (Emory Cohen, The Place Beyond The Pines) fera fondre son coeur. Une tragédie familiale et Eilis à nouveau sur l’ancien continent, la romance interrompue. Retour imprévu qui causera beaucoup de tourments à Ellis. Un nouveau prétendant (Domhnall Gleeson, Ex Machina) à la sécurité sociale assurée, frayant son chemin pour conquérir le coeur de la belle. Le fou choix de l’amour ou de la plate raison pour Ellis. John Crowley (Boy A) porte à l’écran le roman de Colm Tóibín pour livrer cette oeuvre romancée. (18 décembre)
10. Hitchcock/Truffaut
La rencontre sur 6 jours de deux grandes figures du septième art. Un jeune Truffaut s’entretient avec un Hitchcock déjà bien établi. Le résultat est bien connu des cinéphiles: le grand objet de référence qu’est le livre Hitchcock Truffaut. Oeuvre marquée, comme un passage obligé. Le documentaire de Kent Jones parle du cinéma d’Hitchcock, l’analyse et surtout déborde de son cadre pour faire témoigner les artisans contemporains de cet art: David Fincher, Wes Anderson, James Gray, Paul Schrader, Olivier Assayas, Peter Bogdanovich, Martin Scorsese, Kiyoshi Kurosawa, Arnaud Desplechin et Richard Linklater. Objet qui ne va pas nécessairement au-delà du livre, mais qui souligne l’importance de l’apport des deux hommes à notre cinéma. (18 décembre)
11. Sisters
Duo connu et aimé, Tina Fey et Amy Poehler se retrouvent sur grand écran pour cette comédie signée Jason Moore (Pitch Perfect). Deux soeurs avancées dans l'âge adulte et le constat de la maison d’enfance prochainement vendue. Une cérémonie d’au revoir s’impose et un super party s’organise. Pour (espérons) rire un bon coup! (18 décembre)
12. The Big Short
Christian Bale, Ryan Gosling, Brad Pitt et Steve Carell. Ouep. Ça se passe. 2008, dure année pour l’économie américaine. L’immobilier se porte mal, trop de prêts ont été alloués, les gens perdent tout et les créanciers s’en mettent plein les poches. Un groupe de gars uniront leurs forces et connaissances du milieu pour un coup visant à faire cracher le cash à ceux qui se font une richesse sur le dos des plus pauvres. Réalisé par Adam McKay (Step Brothers), qui tente ici le comique pour explorer les entrailles de la crise immobilière. Inspiré d’une histoire vraie (mais pas la perruque de Ryan Gosling). (23 décembre)
13. The Hateful Eight
Un chasseur de primes en chemin avec sa récente capture pour aller rafler la mise de sa récompense. Période fin de la guerre civile. Sur son chemin, il croisera un autre chasseur de primes et le shérif du village Red Rock… Le blizzard de l’hiver se lèvera et forcera les trois hommes et la femme à trouver refuge dans l’auberge Minnie, où ils seront accueillis par quatre étranges bonhommes. La tempête ne s’apaise pas et la petite auberge se transforme en champ de bataille de coqs. Le sang fusera. Dur à dire si l’excitation est vraiment au rendez-vous, mais reste qu’un Tarantino reste un Tarantino. Un beau cadeau pour Noël. Kurt Russell, Jennifer Jason Leigh, Walter Goggins, Demián Bichir, Michael Madsen, Tim Roth, Bruce Dern, Channing Tatum et évidemment Samuel L. Jackson à bord de l’aventure. (25 décembre)
Une business de famille qui s’étend sur plusieurs générations lancée par une femme avec une volonté de feu (Jennifer Lawrence). Les barrières, les hauts, les bas, les coups durs. Symbole de la force féminine, Joy tire son inspiration d’une histoire vraie. L'American Dream version légère comme thématique du tout nouveau David O. Russell (The Fighter, American Hustle). Le duo Jennifer Lawrence/Bradley Cooper ensemble à nouveau. S’ajoutent à eux Robert De Niro et Isabella Rossellini (entre autres). Du bon cinéma à l’américaine. (25 décembre)