Batman change encore de peau. Fini Christian Bale. Ben Affleck fait son entrée remarquée sous le costume en caoutchouc noir de la chauve-souris. Sera-t’il à la hauteur? La question se pose. Les pleurs, les plaintes et les pétitions sont tombés sur les larges épaules de Ben Affleck à l’annonce de sa candidature retenue. Le public voyait déjà en l’acteur une déception. Batman vs Superman : Dawn of Justice prend l’affiche ce vendredi. Zach Snyder dirige l’intrusion de Batman dans l’univers de Superman. Un combat ultime les attend. En quête de voir une vengeance s’accomplir, Batman se rendra aux côtés de Superman pour le confronter sur des erreurs qu’il ne veut pas lui pardonner. Retour en 1989. Michael Keaton incarnait le sombre super-héros dans les débuts de la franchise menée par un Tim Burton au sommet de son art. Val Kilmer, George Clooney et Christian Bale lui ont succédés. Ne se fait pas aimer en Batman qui veut. Regard introspectif sur Bruce Wayne et sa double personnalité. Un palmarès de nos pires Batman à nos meilleurs Batman en attendant de voir performer l’ancienne flamme de Jennifer Lopez.
Le moins bon : George Clooney
George Clooney en Batman dans Batman & Robin. Qui se souvient de George Clooney en Batman? Performance oubliable et oubliée. L’acteur réussit à nous faire dire qu’il est pas mal ce qui est arrivé de pire à Batman. Soigneusement entouré par la réalisation bonbon de Joel Schumacher, Clooney ressemble à un chien mouillé au milieu de ce qui ressemble à un remake moderne de la série culte des années soixante. Batman a perdu son côté sombre. Il préfère troquer le mystère obscur pour se présenter décontracté. Prêt à lancer à n’importe quel moment une réplique assassine teintée d’humour facile, mais jamais prêt à laisser aller son sex appeal. Manque seulement les « Bing » « Pouff » « Crimepow » entre chaque coup donné aux méchants. Les drames se font moins lourds pour Batman depuis que Robin (Chris O'Donnell) est à ses côtés. La Batmobile en plasma ball. Les mamelons saillants confirment qu’ils sont un élément bien intégré et prêt à rester au costume du superhéros depuis leur apparition dans Batman Forever. L’éclairage se fait aux néons colorés pour illuminer Gotham dans un spectacle tape-à-l’oeil qui peut quand même sembler cool par moment, mais qui devient vite un gâchis. Le positif de Clooney se retrouve dans l’expression de son menton. Par manque de lèvre, l’acteur se permet de faire briller la présence de son menton sous les spotlights. Le regard suave de Clooney ne réussit pas à voler nos coeurs et le constat se confirme plus le film avance dans sa parodie, que George Clooney n’assure pas en Batman. Il perd de son pouvoir d’attraction en superhéros et devient presque blah en Bruce Wayne.
Val Kilmer
Acteur typique de son époque, il semble logique de voir Val Kilmer se retrouver dans les années 90 à incarner l’homme chauve-souris. Visage de playboy, lèvres de velours, mâchoire carrée, Bruce Wayne plus charmeur que jamais. Pour l’occasion, Kilmer ne se permet pas de démontrer un éventail d’expression. Il se contente de jouer un personnage sérieux, en confiance, toujours en contrôle de la situation, seulement déstabilisé par l’insistance érotique de la docteure Chase Meridian (Nicole Kidman) – et quelle insistance. Un travail plus développé de la voix aurait peut-être fait gagner des points à Kilmer. Il casse le mystère de son ton à plusieurs moments. Mais, tout est dans les lèvres. La moue se fait facile et devient nécessaire lors des moments où Batman n’a d’autre outil que ses lèvres pour s’exprimer. Le bleu de ses yeux se perd sous les couches de suie noire. Premier film pour Joel Schumacher de sa série Batman avec Batman Forever, dans sa tentative un peu manquée de rendre les lettres de noblesse au personnage. Le tout ressemble beaucoup à de la télé vidéoclip avec un gros budget. Il arrive même à construire un personnage qui n’a plus peur de révéler son identité en temps de danger… Val Kilmer est loin d’être parfait, mais il est loin d’être pourri. Il n’hésite pas à montrer le fessier de Batman sous son caoutchouc et ne passe aucun commentaire devant la nouvelle mouture de son costume mamelonné qu’il arbore fièrement. Mais Batman se fait littéralement éclipser par les méchants Double-Face (Tommy Lee Jones), le Sphinx (Jim Carrey) et par la soundtrack du film.
Michael Keaton
En quasi-égalité avec la top position, Keaton se pose fièrement en deuxième position. Batman porte son insigne jaune serin au torse. Il veille sur une Gotham City, glauque, sombre, violente pareil à un décor de bande dessinée. Il prend la relève d’Adam West qui avait occupé l’imaginaire collectif avec sa performance tout en collant de l’aventurier plusieurs années avant. Keaton en Bruce Wayne est casual, arbore le col roulé et le jeans trop ample. Il se fait moins mystérieux que Kilmer, mais pas aussi accessible que Clooney. La force de la forme de ses lèvres arrive même à rappeler l’ombre de la chauve-souris. Sa voix creuse porte par son son les troubles intérieurs de son personnage. Tim Burton en charge de démarrer la machine Batman qui enchaînera avec le sombre Batman Returns et l’incroyable Michelle Pfeiffer en Catwoman. Un Batman prêt à séduire et prêt à se laisser séduire. Les points perdus vont en partie à l’approche conceptuelle d’un Batman plus en combat avec lui même qu’un sombre superhéros en action. Comme s’il avait trop à prouver. On se détache des origines du personnage. N’en reste que le spectacle à bien vieilli, si on oublie les cris stridents qui retentissent à répétition par Kim Bassinger dans le premier volet de la saga. Michael Keaton sait user de la force de sa présence pour occuper l’espace en restant minimal et il le fait très bien.
Le meilleur : Christian Bale
Trois fois plutôt qu’une, Christian Bale se retrouvera à porter le costume noir emblématique. En allié majeur, Christopher Nolan réalisera la trilogie ultime du superhéros avec un souci de fidélité pas encore vu pour les bandes dessinées. Christian Bale est Bruce Wayne et devient Batman. L’acteur aux fortes déviances de comportement semble parfaitement convenir pour devenir celui qu’il incarne. Fini le temps où Batman se faisait plus discret derrière l’exubérance exagérée des méchants. Il avance maintenant d’un pas lourd et déterminé, les histoires centrées sur son ascension du superhéros en devenir. Bale joue entre se faire plus réaliste en Bruce Wayne et se transformer complètement en Batman. Le ton caverneux d’une voix souterraine portée par sa fibre de chauve-souris est amplifié. Il arrive même à trouver la compassion dans son jeu devant une Marion Cotillard qui n’aura jamais aussi mal joué la mort. Qui d’autre aurait pu confronter Heath Ledger en Joker? Et quelle paire de lèvres!
La barre est haute pour Ben Affleck. Le réalisateur Zach Snyder a pris un méchant pari en voulant allier les deux univers des DC Comics. Ben va-t-il mettre de l’avant son menton ou ses fines lèvres? Confirmera-t-il nos doutes ou les apaisera? Tant de questions auxquelles nous aurons bientôt réponse.
*Mention honorifique pour Adam West
Pour l’ensemble de son oeuvre en Batman. Pour avoir montré que virilité pouvait rimer avec homme en collant. Pour avoir porté et assumé la force derrière un corps loin des stéréotypes musclés. Adam West a construit le mot cool autour de Batman. Un spray explosif à la ceinture pour vaporiser les requins, rien ne fait défaut à Adam West. Un Batman accessible qui n’a pas peur de montrer l’affection qu’il peut porter à un autre homme (voir Robin), tout en se laissant séduire par les charmes félins de la femme chat. Pour avoir accompagné et fait rêver l’enfant en nous.