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Notre critique de la pièce « Révolution à Laval » : rire jaune… et gras
Crédit: Claude Gagnon

Le maire de Mascouche, Roméo Urbain, quitte ses fonctions dans l’espoir de ravir la couronne du premier magistrat de Laval. Poussé par sa femme Mercedes, il ne reculera devant rien pour s’emparer du pouvoir et en faire ce qu’il veut, n’en déplaise au petit peuple. Critique municipale, soulignée à gros traits de grotesque, Révolution à Laval est une ode au rire jaune.

Trois ans après avoir livré sa vision des populations banlieusardes et de leurs aspirations dans Les champs pétrolifères, une œuvre d’une lourdeur bourrée de malaises, l’auteur Guillaume Lagarde s’attaque à la politique locale.

En s’intéressant à la ville porte-étendard de la Rive-Nord de Montréal, le dramaturge décoche une multitude de clins d’œil à l’ex-maire Vaillancourt, à la corruption, aux journalistes qu’on tente de museler, à l’incompétence de certains politiciens, à leur paresse, à leur refus d’entendre les demandes de leurs concitoyens (lire ici : leurs sujets), à leur narcissisme crasse, aux promoteurs et entrepreneurs véreux, aux amis qui se cachent dans la police ou dans les médias.

©Claude Gagnon

Bref, tous les éléments auxquels on pense sans trop réfléchir quand vient le temps de critiquer ou de ridiculiser les politiciens municipaux. Un amas de clichés. Une abondance de déjà-vu. Une surenchère de prévisible.

Contrairement aux gens de théâtre qui, de tout temps, ont pris le pouvoir pour cible, en faisant de leurs actions une fable ridicule ou en critiquant leur royaume par la bande, Révolution à Laval n’éclaire rien de nouveau. On rigole à l’occasion. On sourit à quelques reprises. Mais jamais on n’a l’impression d’avoir affaire à une œuvre audacieuse qui pousse notre réflexion plus loin.

Toute la vulgarité, la décadence et les blagues grasses du monde ne suffisent pas pour marquer les esprits.

Heureusement, la mise en scène de Sébastien Dodge est inventive et capable de capter notre attention du début à la fin. Les acteurs sont investis jusqu’au coude dans la production. Marc Béland joue un maire déchaîné, magnifiquement magouilleur et douloureusement incompétent, alors que Kathleen Fortin interprète une first lady municipale, royale et déjantée. Leurs prestations sont remarquables, mais on a quand même l’impression d’assister à un exercice de satire politique facile et sans grand intérêt.

©Claude Gagnon

Révolution à Laval sera présentée à l’Espace GO du 29 mars au 9 avril 2016. 

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