En compétition au Festival de Cannes en 2015, Mon Roi est un drame dynamique, mais cliché de la réalisatrice française Maïwenn (Polisse). Tony (Emmanuelle Bercot), une avocate réputée, se brise la jambe dans un grave accident de ski alpin. À l'hôpital, il y a un soupçon qu'elle aurait pu inconsciemment causer l'incident elle-même : « Ce pourrait être de la psychologie de comptoir (pop) », dit la thérapeute à l'hôpital. Elle est envoyée à récupérer dans un centre rééducation à proximité de la mer, Tony réfléchit alors sur son ancienne relation avec son ex-mari, Giorgio (Vincent Cassel). Alors qu'elle commence peu à peu à retrouver sa mobilité malgré les difficultés et la douleur, elle se remémore l'ensemble de sa liaison tumultueuse depuis le tout début, il y a dix ans.
Tony rencontre pour la première fois Giorgio dans une discothèque, où elle le reconnaît à partir d'un rapport éphémère il y a quelques années passées. Elle devient rapidement fascinée par lui — il est propriétaire d'un restaurant et un entrepreneur avec un grand appartement qui englobe un décor juvénile. Solal (Louis Garrel), le frère de Tony, le catalogue immédiatement comme un « éternel adolescent ». Heureusement, l'esprit et le charme de Giorgio sont suffisants pour attirer Tony vers lui. La relation précoce de leur couple baigne dans l'allégresse; ils sont heureux comme des oiseaux dans l'air. À ce point, tout le monde sait que cette relation trop belle pour être vraie va se terminer avec quelqu'un qui va crier au désespoir sous la pluie. Néanmoins, ils se marient et ont un bébé, mais les fissures ont déjà commencé à apparaître.
Pendant la grossesse, Tony et Giorgio se disputent sans cesse, Giorgio veut passer du temps seul. De plus, une ancienne petite amie jalouse du nom d'Agnes (Chrystèle Saint-Louis Augustin) tente de se suicider. À ce moment-là, Giorgio semble plus concerné à rester aux côtés de la mannequin qu'il ne l'est sur sa femme et la naissance imminente de son fils. Tony tente de le quitter, mais revient toujours auprès de lui, même si l'attitude immature de Giorgio devient vite martyrisant.
Heureusement, tout se joue avec brio par l'excellente distribution, notamment Emmanuelle Bercot, mais le long métrage s'étire péniblement. Maïwenn semble avoir modelé son film en s'inspirant de La Vie d'Adèle, palme d'or en 2013, mais tandis que le film de Abdellatif Kechiche nous avait séduits et gardé sur nos sièges jusqu'à la scène finale, Mon Roi tourne au ridicule narcissique. Le film se joue comme un yo-yo qui ne finit plus de revenir; Tony est dans la constante indécision de divorcer Giorgio ou le guérir de sa dépendance aux substances illicites. Sa naïveté commence à détruire sa crédibilité en tant que personnage et cette relation qu'elle entretient commence à devenir fastidieuse.
Maïwenn est également coupable d'avoir recours à des scènes assez simplistes avec la mauvaise tendance d'exagérer tout. Pendant que Tony récupère de son accident, elle se crée des amis avec des gens de la classe moyenne, les autres patients de diverses communautés ethniques (parce qu'ils sont plus authentiques?). Ils font le tour de la ville dans une voiture à toit ouvert; ils rient et dansent au son de la musique (parce qu’elle est à nouveau heureuse?).
Bien que le titre du film est ironique — Giorgio lui-même se surnomme le roi des connards —, notre intelligente femme de carrière est malheureusement toujours sous son charme. Au final, on ne saura jamais si son ex-mari aura changé ou non, mais la question reste : pourquoi tombe-t-on en amour avec un connard? Serait-ce le trou de cul qui fait battre le cœur des filles uniquement par sa nature extérieure? Toutefois, d’ici la fin de Mon Roi, on en vient à la conclusion que peut-être que Tony s’est créé son propre malheur dans cette folle histoire d’amour. Au bout du compte, il y a des relations qui sont tout simplement condamnées dès le début. Comme dirait Tony en fixant le regard affligé de Giorgio : « On se connaît pas en fait ».
Mon Roi
En salles dès le 15 avril