Présenté la première fois dans le cadre du Festival du Nouveau Cinéma, le premier long métrage claustrophobique de Dominic Goyer est parfois fascinant, mais surtout inégal dans l’ensemble! Après quelques courts-métrages primés à Berlin (Mention spéciale du Jury avec La Monstre, 2010) et au Festival Fantasia (Prix ARRQ de la meilleure mise en scène avec Notre Nature en 2012), le cinéaste québécois nous offre cette première réalisation sordide et sinistre. Auparavant intitulé Lièvres, L’origine des Espèces met en vedette Marc Paquet (David), Sylvie de Morias (Hannah), Marc Béland (Paul) et Élise Guilbault (Agathe) qui fait une courte apparition remarquée en début de film.
À l’âge de trente-sept ans, David a réussi sa vie en tant qu’architecte reconnu. En plus de vivre dans un milieu aisé à Montréal, il est aimé par sa femme qui vient d’accoucher de son premier enfant. La vie de David n’a rien de plus normal et ça le rend très heureux. Mais cette bulle éclate du jour au lendemain lorsqu’il apprend que son père n’est pas son vrai père biologique. C’est alors que débute une dangereuse enquête d’identité en région : David tentera de remonter à la source de sa naissance pour découvrir la triste vérité. Mais au fur et à mesure qu’il explore ces recoins enfouis, il découvre, bien malgré lui, les secrets perturbants de sa mère. Ce que David pensait au préalable être son identité depuis le début de sa naissance, sa nature depuis toujours, se déconstruit totalement en un claquement de doigts. Mais le plus grand danger est que la révélation de cette découverte est trop lourde à porter pour un seul homme, sans subir de sérieuses conséquences.
Révélation d’une famille troublée
Tout commence bien pour Dominic Goyer qui réussit à installer sa mystérieuse intrigue principale, mais il s’embourbe progressivement dans la narration de son récit morbide. On y retrouve plusieurs trous narratifs et des moments qui ne font pas vraiment de sens ou qui sont laissés inexpliqués. En plus, le personnage principal campé par Marc Paquet (La peau blanche, La vie secrète des gens heureux) est anti-charismatique et ennuyeux, ce qui crée un effet somnifère chez le spectateur. Mais L’origine des espèces a quand même quelques points positifs qui sont dignes de mention : les séquences d’animation sont cauchemardesques, mais particulièrement intéressantes dans leur profondeur et le dévoilement des nouveaux personnages (même s’ils sont typés) accentue l’ambiance perverse du film.
Il est fort à parier que l’imagination de Goyer s’inspire des sphères du réalisateur grec Yorgos Lanthimos (The Lobster ) et de l’univers surréaliste de David Lych, plus précisément Inland Empire qui met en scène des lièvres dans certains moments étranges de son oeuvre. Mais contrairement à ces deux cinéastes, Dominic Goyer ne réussit pas à lier la réalité et le surnaturel de manière convaincante auprès des spectateurs qui seront laissés à leur faim. Malgré tout, L’Origine des espèces a quelques moments croustillants, mais le film du cinéaste québécois fait plusieurs faux pas qui ne pardonnent pas à notre avis.
L'Origine des espèces
En salle dès le 22 avril