Officiellement nommé Alexandra-Marconi par les grands historiens qui ont confectionné la carte municipale, le Mile-Ex se développe à vitesse grand V à grands coups de projets de condo et d’ouvertures de restos branchés. Enclavé par l’infini Home Depot au sud, le mystérieux tronçon de Jean-Talon Ouest au nord, le chemin de fer/futur pavillon de l’UdeM à l’ouest et une horde de Montréalais fâchés d’attendre la 55 Saint-Laurent à l’est, ce secteur mise sur une atmosphère trendy délabrée plutôt appréciable. Visite guidée non exhaustive du meilleur et du pire.
180g
6546, rue Waverly
Situé dans une partie industrielle plutôt inquiétante de Waverly, à un point tel qu’on n’a de la difficulté à croire qu’on est encore en train d’y marcher, ce café-disquaire vaut sans aucun doute la perte de repères, ne serait-ce que pour son ambiance chaleureuse et son excellente sélection de vinyles. Ne manquez surtout pas l’occasion d’y aller lorsqu’un lancement ou un spectacle y a lieu.
Manitoba
271, rue Saint-Zotique Ouest
Ouvert en 2014, le Manitoba s’est rapidement imposé comme LE resto emblématique du Mile-Ex. Exquis et recherché, son menu repense la cuisine du terroir/territoire canadienne, entre dorade grise, caille fumée et steak de cerf au cèdre. Discret depuis l’extérieur, le Manitoba mise sur une ambiance sympathique et polyvalente, qui s’adapte aussi bien au souper entre amis qu’aux rencontres plus intimes.
Alexandraplatz
6731, avenue de l’Esplanade
Depuis bientôt quatre ans, cette brasserie à moitié en plein air fait le bonheur des citadins du coin, ceux qui aiment tout particulièrement aller prendre une bonne grosse bière dans un ancien garage revampé ou bien dehors sur une grande table à pique-nique. C’est également à cet endroit bien précis qu’on retrouve le cordial Marché de nuit.
Un milieu artistique effervescent
Au sud, le Mile-Ex s’inspire évidemment beaucoup de son grand frère/voisin, le Mile-End. Sur la rue Beaubien, de Parc jusqu’aux abords d’Outremont, les locaux de pratique/studios d’enregistrement sont légion, à l’instar des ateliers d’artiste.
Autrement, l’effervescence artistique se ressent un peu partout, notamment par l’entremise des murales, dont celle-ci de Monk.E…
…et celle-ci de l’artiste colombienne Jessica Sabogal, en lien avec le mouvement Idle No More.
Dans un tout autre style, d’autres graffitis attirent l’attention par leur humour unique.
Deep.
Autres arrêts incontournables
Emporium (283, rue Saint-Zotique Ouest) : barbershop cool du moment.
Café Dispatch (267, rue Saint-Zotique Ouest) : garage reconverti en micro-torréfacteur.
Le Pick Up (7032, rue Waverly) : dépanneur/mini-épicerie/restaurant. Le menu change quotidiennement, mais le club chipotle est bon tout le temps.
Mile-Ex (6631, rue Jeanne-Mance) : resto emblématique du quartier, où les squid roll merguez et le gravlax règnent.
Tre Marie (6934, rue Clark) : resto italien pas trop cher, ouvert depuis près de 50 ans.
Dinette Triple Crown (6704, rue Clark) : cuisine du sud des États-Unis, incluant poulet frit, brisket et pain de maïs.
Ballpark (6600, rue Clark) : la boulette sous toutes ses formes dans une ambiance chaleureuse et tamisée.
Alvéole (7154, rue Saint-Urbain) : apiculteur urbain/miel de qualité.
Le pire
Le choix d’adjectif des commerces
Il y a une tendance forte dans le Mile-Ex. Une tendance plutôt surprenante qui consiste à donner un qualificatif plutôt douteux à son commerce.
Du lot, certains essaient de mousser la réputation de leur établissement en choisissant un adjectif de prestige.
Avec une faute d’accord, c’est encore mieux.
Avec un accueil de la sorte, on peut sans doute s’attendre à du luxe.
Les groupes prépositionnels, eux aussi, ont la cote.
Summum du pire de la cuisine, le Buffet Bravo est heureusement maintenant fermé. On se rappelle toutefois avec nostalgie l’époque où il était plutôt difficile d’en sortir sans avoir vomi.
Des perspectives labyrinthiques
C’est bien connu : le Mile-Ex est le royaume des culs-de-sac. Des rues aussi bien institutionnalisées que Saint-Urbain et Waverly n’y échappent pas et se font interrompre sans réelle raison par de courageux blocs.
Enclavé, le citoyen moyen du Mile-Ex vit avec toutes sortes d’absurdités urbaines, comme ce croisement entre la rue et l’avenue Alexandra.
Un laisser-aller volontaire
Rarement a-t-on vu un quartier où se côtoient avec autant de naturel le beau et le laid.
À la manière de l’illustre Guy Nantel, voici un ramassis des pires (meilleurs?) clichés de notre reportage.
Art pur ou porte mal placée?
De très belles coulisses.
Rien ne va plus coin Hutchison et Beaubien, au croisement du chemin de fer.
L’enclavement du secteur aux abords du chemin de fer donne lieu à un calme plat, parfois inquiétant.
On a parfois l’impression de marcher dans un quartier fantôme.
Reste que tous ces endroits moins entretenus donnent au Mile-Ex un charme incomparable.
On risque de se rappeler cette belle époque avec mélancolie/état de tristesse vague au tournant de la prochaine décennie, alors que l’UdeM aura enfin terminé la construction de son nouveau pavillon Outremont grand comme 38 terrains de football.
Bref, profitez du Mile-Ex avant qu’il ne soit envahi par une horde de futurs ingénieurs sur la brosse.