Avez-vous déjà croisé Super Go-Girl?
C'est une superhéroïne mystérieuse et anonyme qui apparaît parfois quand tu traverses une période difficile. Quand t’as beau faire ce qu’il faut pour maintenir une humeur égale (sport, méditation, nachos au fromage), mais que tu sens quand même un petit nuage gris flotter au-dessus de ta tête. Tu te dis « Ben coudonc. ». Tu respires. Tu continues.
Puis un jour, tu essaies une robe dans les cabines d’une boutique du centre-ville. Le genre de cabines avec pas de miroir à l’intérieur. Le genre de cabines où t’as pas le choix de sortir pour te regarder et du même coup, montrer à tout le monde ton corps d’hiver, chétif, translucide et spongieux. Tes jambes sèches pas rasées avec des traces de chaussettes aux chevilles. Tes cheveux gras avec une repousse longue de même.
Le genre de cabines que tu détestes.
Faque t’es là à te contempler tristement, à oublier de regarder la robe que tu portes et à te dire que c’est plutôt toi qui n’es pas ajustée dans ton corps aujourd’hui, que t’échangerais volontiers ta peau pour une taille plus grande, un modèle moins fripé, mettons.
Puis, tout à coup, tu entends une voix à côté de toi :
« Elle te va très bien cette robe! »
C’est la fille de la cabine d’à côté. Tu ne l’avais pas remarquée, absorbée que t’étais par tes comparaisons douteuses. Elle est à côté de toi et elle te sourit. « Ah oui? Tu trouves? » que tu réponds. « Oui, c’est très joli avec ta couleur de cheveux » qu’elle te répond d’une voix douce avant de rentrer dans sa cabine.
Un filet de miel te passe sur le cœur. Tes épaules, crispées depuis la guerre de Cent Ans, se détendent. Le nuage gris au-dessus de ta tête est tout à coup diaphane et laisse filtrer une petite lumière dorée.
C’est pas tant la validation de ton apparence qui te touche à ce point, mais bien la gentillesse totalement gratuite de cette étrangère.
Peut-être que c’est une superhéroïne qui se promène de boutique en boutique pour complimenter les filles awkward qui essaient du linge d’été. Super Go-Girl.
Peut-être qu’elle a senti la tristesse que tu portes depuis quelques jours.
Peut-être que c’est tout simplement une bonne personne.
Peu importe; cette gentillesse surgie de nulle part, cette bienveillance apaisante et lumineuse te laisse croire fugacement que l’univers te souhaite lui aussi d’aller mieux.
Tu souris timidement et tu lui réponds à travers le rideau de sa cabine : « Merci beaucoup! T’es fine! Je vais la prendre! »