Selon un article de La Presse, la Ville de Brossard a annoncé ce matin qu’elle bannirait de son territoire plusieurs races de chiens réputées pour être agressives, dont les pitbulls. Une décision qui découle de la mésaventure de la petite Vanessa Biron, attaquée et gravement blessée par un pitbull l’an dernier.
La Ville a également décidé d’embaucher un inspecteur pour s’assurer que le nouveau règlement soit bien appliqué. Cependant, les citoyens qui possèdent déjà un chien dont la race est interdite n’auront pas à se débarrasser de l’animal, à condition de respecter de nouvelles mesures, comme le port d’une muselière à l’extérieur et l’interdiction aux aires d’exercice canin.
Une décision qui n’est pas surprenante lorsqu’on considère toute la propagande anti pitbulls des médias. Oui, propagande, le mot est juste à mon avis.
Souvenons-nous de l’interdiction des pitbulls en Ontario : cette décision a-t-elle diminué la quantité de morsures de chiens? Pas du tout. Ça, c’est parce que ce ne sont pas les pitbulls le problème. D’autres chiens figurent bien avant eux dans la liste des chiens les plus agressifs de 2015 au Québec, tels que les labradors, pourtant généralement considérés comme des chiens doux, ou « de famille ». Selon un article de L’actualité, environ 45 000 enfants de moins de 12 ans sont mordus chaque année au Québec. Près d’une fois sur deux, la morsure provient du chien de famille. Enfin, ajoutons que la race « pitbull », ça n’existe pas. Ce terme rassemble l’American pitbull terrier, l’American Staffordshire terrier et le Staffordshire bull terrier, ainsi que leurs combinaisons. Ces chiens, très semblables dans leurs caractéristiques morphologiques, sont donc confondus sous une seule appellation. En regard de tout cela, interdire les pitbulls ne ferait que déplacer le problème comme ce fut le cas en Ontario.
Bien que des études montrent que certaines races de chiens ont tendance à être plus agressives que d’autres, la question n’est pas là. La question, c’est ce que les propriétaires des chiens appartenant à ces races font avec leurs animaux. Un chien bien éduqué, traité de façon respectueuse (c’est-à-dire, qui ne reçoit pas de traitement violent ou inapproprié) et dont les besoins sont remplis par son maître aura peu de chances d’adopter des comportements impulsifs et imprévisibles. Ensuite, il est certain que même un chien heureux en parfaite santé mentale peut devenir agressif s’il se sent menacé. Il y a des comportements à ne pas adopter quand on croise le chien d’une autre personne à l’extérieur, et les gens devraient vraiment être mieux renseignés sur la question.
Ainsi, refiler la gestion de la problématique des pitbulls aux municipalités, comme le fait notre gouvernement à l’heure actuelle, n’est pas la solution. Les causes de l’existence de chiens dangereux sont davantage la pauvreté, les troubles de santé mentale et le manque d’éducation et de sensibilisation que la biologie ou la « nature ». Nous avons besoin d’un programme concret de santé publique sur les saines habitudes à adopter avec nos compagnons à quatre pattes. Nous avons aussi besoin d’un meilleur encadrement pour les propriétaires de chiens.
Alors, franchement, Brossard n’a pas cherché plus loin que le bout de son nez avant de prendre sa décision de bannir les chiens dangereux.