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Critique de « L’écolière de Tokyo » : la pièce taillée sur mesure pour les voyageurs
Crédit: Laurence Dauphinais

On savait que l’auteur Jean-Philippe Lehoux était brillant. Après avoir obtenu le statut de « valeur sûre » dans notre cœur avec Comment je suis devenu touriste et Napoléon voyage, voilà qu’il atteint de nouveaux niveaux d’excellence avec L’écolière de Tokyo, présentée jusqu’au 23 septembre à la salle Fred-Barry.

Si ses deux dernières pièces étaient des œuvres mêlant la légèreté, le divertissement, l’introspection et la réflexion sociale qui vous ramasse par le derrière de la tête sans que vous vous y attendiez, sa petite dernière pousse un peu plus loin l’amalgame de l’humour et du drame.

Au bout du monde, dans un resto crade de Tokyo, Samuel Cohen rencontre la quintessence du touriste (québécois) : bas blancs dans les sandales, vêtements dépassés, ne maîtrisant que sa langue maternelle et ne sachant où aller.

Se décrivant comme un « citoyen du monde », une définition qui se révèlera creuse plus tard dans le spectacle, Samuel est tout aussi Québécois, mais plutôt que d’aider son prochain en partageant quelques repères linguistiques, il consacre son attention à une application mobile qui l’aide à peaufiner sa maîtrise du japonais, quelques codes culturels et des trucs pour ouvrir les cuisses des nipponnes.

Brillante et hilarante, l’utilisation de l’application vient structurer l’évolution des personnages à coup d’étapes réussies. Parce que voyez-vous, nos deux compatriotes exilés n’auront d’autres choix que de s’apprivoiser. Spécialement quand le touriste en puissance lancera au jeune fendant qu’il est venu au Japon pour se tuer… Si l’annonce ébranle quelque peu les certitudes du fils à papa, d’autres événements devront se placer sur sa route pour le confronter à son statut d’éternel voyageur royalement borné.

Avec sa maîtrise de la culture japonaise, de ses traditions et de ses saveurs, Lehoux met en place un univers fascinant, dans lequel évolueront les deux hommes. Mention spéciale aux décors évocateurs : mur tapissé d’un visage de Japonaise dont les yeux scintillent, écritures japonaises, couleurs joyeusement criardes comme on en retrouve partout à Tokyo, lanternes, etc. À l’instant où l’on met les pieds dans la salle, on se sent transporté au pays du soleil levant, avec la conviction que nous allons passer un fichu de beau moment.

Crédit: Laurence Dauphinais

Une impression qui se confirme au fur et à mesure que nos deux Québécois s’ouvrent l’un à l’autre, en offrant un miroir parfois choquant, parfois très drôle, aux êtres qu’ils sont devenus.

Dirigés de main de maître par Charles Dauphinais, les quatre acteurs (Jean-Philippe Perras, Daniel Gadouas, Miro Lacasse et Michel Olivier Girard) sont à ce point justes, sincères et complices qu’ils ont l’air d’avoir roulé la pièce pendant des mois, dans tous les coins de la province ou de la planète.

Crédit: Laurence Dauphinais

L’écolière de Tokyo
Jusqu’au 23 septembre
Théâtre Denise-Pelletier
 

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