J’sais pas si t’es comme moi, mais plus ça va, plus j’ai un penchant pour les restaurants où la bouffe est bonne, c’est certain, mais aussi où on n’a pas à sortir nos grandes manières lorsqu’on vient y manger. Le genre d’établissement où convivialité et petites attentions sont au rendez-vous, et où l’ambiance nous invite à prendre du bon temps. Si en plus, on réussit à nous faire voyager, et nous transporter ailleurs, alors c’est gagné, je suis conquise ! Le restaurant Taberna, ouvert il y a peine un mois, niché en plein cœur du Vieux-Montréal a eu cet effet-là sur moi…
Une taverne à la fois typique et moderne
En passant le portique du restaurant, j’ai eu comme une impression de déjà-vu… Lisbonne, mai 2015, un lunch pris dans une merveilleuse cantine du nom de Cantinho do Avillez. Cette ressemblance m’est apparue dès les premiers instants que mes yeux ont balayé l’intérieur du restaurant. Même genre de décor qui combine à la fois tradition et modernité ainsi qu’un joyeux esprit de convivialité qui règne sur l’endroit.
Taberna, qui veut dire taverne en portugais, est en fait l’équivalent d’une brasserie au sens français du terme. Au Portugal, c’est un endroit populaire où on sert des plats de la gastronomie de ce pays, tels que le poulet grillé à la broche, les sardines, les saucisses grillées, des frites, des petites assiettes appelées petiscos, et d’autres délicieux plats réconforts.
« On voulait un endroit décontracté qui rappelle les petites tavernes portugaises de mon enfance mais avec une touche moderne, actuelle », explique le propriétaire du concept Jorge Da Silva, d’origine portugaise.
Le décor et l’ambiance
Le décor et l’ambiance ont été pensés pour que cet esprit de convivialité se ressente chez la clientèle. Le restaurant est divisé en deux salles. La première, celle que tu vois quand tu entres dans le restaurant, comprend la cuisine ouverte, à gauche, où on peut voir les cuisiniers s’affairer autour de la rôtissoire électrique, le grill et la friteuse, et une table haute avec des tabourets, à droite, pour accueillir les gens qui veulent manger tout en étant dans l’action.
Un petit coin épicerie, où on peut acheter des produits fins du Portugal comme des huiles d’olive, est installé aussi dans cette salle et égaye magnifiquement l’endroit. Côté décor, de jolis azulejos – ces fameuses céramiques portugaises – ornent une colonne centrale, donnant au restaurant l’identité portugaise qui lui revient. Quelques coqs en porcelaine, animal emblématique du pays, trônent aussi dans la salle. Pour finir, les murs des deux pièces sont en briques, ce qui ajoute une touche rustique à l’endroit.
Si la première salle ne peut accueillir qu’une douzaine de personnes, la deuxième est une grande salle à manger où tables en bois champêtres, banquettes modernes, chaises et luminaires contemporains mélangent harmonieusement tradition et modernité. Un joli cellier garni fait de bois agrémente le tout. La lumière pénètre par les grandes fenêtres sur le côté de la salle, et un joyeux brouhaha s’élève aux heures de repas, signe que la clientèle est à son aise pour discuter allégrement.
La nourriture
Avant de commander ma nourriture, une chose me frappe : les jolis napperons en papier. Ceux-ci arborent les couleurs typiques du Portugal, le bleu et le ocre-jaune ainsi que le fameux coq stylisé. On voit ici qu’on a ici le souci du détail. Les assiettes disposées sont en belle céramique rustique de qualité.
Je commande pour commencer des aperitivos. Olives portugaises marinées (Azeitonas marinadas, sur le menu). Le plat vient avec de petits lupins délicatement assaisonnés et une branche de thym. Ces hors-d’œuvre délicieux me mettent en appétit.
J’opte ensuite pour une assiette mixte de pastéis de bacalhau, de rissois de camaro et d’une croquete de frango. Autrement dit, une assiette de croquettes de morue, de crevette et de poulet. Je me régale. La panure est légère, croustillante; les viandes charnues et savoureuses et la crevette goûteuse. La petite sauce d’accompagnement, un genre de mayo piquante, relève délicieusement le goût des croquettes.
Je passe ensuite à la section du menu appelé petiscos. Je choisis la salade de tomates portugaise. En recevant mon plat, je suis déjà charmée par sa beauté. Des tranches de tomates trois couleurs (mauves, jaunes et rouges), des copeaux de parmesan sur le dessus, quelques fines herbes, du gros sel et une petite vinaigrette balsamique. Simplissime… Mais en bouche, c’est une explosion de fraîcheur ! On m’explique que certains plats, comme celui-ci, pourraient n’être offerts qu’en saison afin de préserver les saveurs du plat. Je les applaudis.
Deuxième petiscos, une entrée de sardinhas assadas, ou si vous préférez, sardines grillées. Je ne suis pas une amatrice de sardines, mais je décide de tenter le coup puisque c’est une des spécialités de l’endroit. L’assiette est joliment présentée. Je prends prudemment une petite bouchée… Ben voyons, ça me surprend à quel point c’est bon ! Ce sera bien la première fois que j’aime un plat de sardine ! Celle-ci est grillée savamment relevant d’élégantes saveurs de fumée et déposée sur une délicieuse tapenade d’olives noires. Son mélange avec une huile d’olive de qualité et une escabèche de poivrons marinés colorés donnent à ce plat un goût incomparable. Belle surprise pour moi !
Après de si belles entrées, qui m’ont tout de même laissée de la place, car je les ai partagées (respectant l’esprit même de ce type de restaurant), je décide d’y aller de deux spécialités de l’endroit : bien sûr le poulet à la portugaise, ou frango piri-piri. J’opte pour le quart de cuisse avec moitié frites, moitié salade, et le fameux sandwich sur pain portugais de bifana ou steak de porc mariné.
Le poulet arrive. Encore une fois, une très jolie assiette. Une belle branche de thym frais décorative ajoute aux parfums déjà invitants de mon plat. Les frites sont croustillantes et la salade rafraîchissante. Une petite sauce piri-piri moyennement relevée, vient en accompagnement dans une jolie tasse en céramique rustique flanquée d’un pinceau pour badigeonner. Je prends une bouchée de ce poulet. Le croquant de la peau, la tendreté de la volaille en dessous et le goût délicat de charbon de bois qui s’en dégage, sont fidèles à la réputation d’excellence que les Portugais ont en matière de poulet. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque le restaurateur me dit que le poulet n’a pas été grillé sur le charbon de bois, mais plutôt rôti à la broche sur un four aux éléments à l'infra-rouge ! Une invention portugaise récente. Tout le bon goût du charbon de bois, sans le charbon de bois ! Hé ben… Je vais de bonnes surprises en bonnes surprises !
Pour finir, la très sympathique gérante de l’endroit, Maria, me propose un sandwich au steak de porc mariné (bifana). Je peux vous dire que rendue là, j’avais plus ben ben faim… Mais, ne reculant devant rien, je me suis sacrifiée pour la cause ! Résultat : un des meilleurs sandwichs portugais ever ! Je n’exagère même pas. Je m’en serais voulue de ne pas l’essayer. Revenir dans le coin, je passerais tout droit à la fenêtre de commande du restaurant et je commanderais à nouveau ce divin sandwich, fait de pain portugais moelleux, de viande de porc mariné tendre à souhait et pimpé d’une petite sauce tomatée piquante, du genre piri-piri mayonnaisée. Un vrai délice !
Pour terminer, je repars avec quelques pastéis de nata, ces fameuses petites tartelettes aux œufs. Le restaurateur me dit que c’est la boulangerie Bela Vista qui les fait car c’est, selon lui les meilleures pastéis de nata de Montréal. Je n’ai pas goûté assez de ces différentes pâtisseries portugaises pour voir la différence, mais je peux affirmer que c’est vrai qu’elles sont très bonnes.
Je suis repartie repue et satisfaite. J’ai été très agréablement surprise par ma visite au Taberna. Je m’attendais davantage à une rôtisserie portugaise qu’à un restaurant offrant différents plats à la présentation soignée. Bien sûr, des plats de poulets rôtis à la portugaise, il y a en a toute une section au menu. Mais on peut aussi y venir et manger toutes sortes d’autres choses comme du bifteck de contre-filet, des sardines grillées, de la soupe, des salades, des charcuteries ibériques et même de la poutine, par exemple ! Mais quoi que l’on choisisse de manger, on aura toujours la sensation de déguster un plat réconfortant et savoureux, et à prix très raisonnables. En prime, si on décide de manger sur place, plutôt que d’emporter un repas, on pourra vivre l’expérience dépaysante des charmantes tabernas portugaises…et prendre un bon verre de vin de vinho verde !
Taberna
368, Saint-Paul Ouest, Montréal