Notre futur n’est pas exactement rose. Surtout si on en croit ces livres qui donnent envie de fredonner la chanson de R.E.M. : « It’s the end of the world, as we know it! »
Station Eleven
Emily St. John Mandel
Alto, 29,95$, en librairie
Une terrible pandémie de grippe s’abat sur notre planète: du jour au lendemain, 99% de la population meurt et le reste doit vivre sans électricité, ni essence, ni internet. Vingt ans après, une troupe de comédiens voyage à travers l’Amérique du nord pour jouer du Shakespeare au milieu des ruines. Sur fond de désolation, l’écrivaine canadienne fait ressortir la beauté fragile de l’humanité comme une flamme vacillante qui s’obstine à briller. Dans ce contexte, l’art incarne le geste ultime pour renaître et reconstruire.
Rénovation
Renaud Jean
Boréal 18,95$, en librairie.
Ici, on n'est pas nécessairement dans le futur mais avant tout dans un cauchemar paranoïaque aux accents kafkaïens. Un jour, le personnage principal laisse entrer deux hommes dans son appartement: les rénovations qu’ils entreprennent le chassent de chez lui et il est alors conduit au Centre, un énorme château de verre où il doit passer des tests et réaliser des stages pour trouver sa place. L'auteur semble ici critiquer le moule imposé par la société et le travail asservissant…bref, tout ce qui arrache l’homme à sa vraie nature et le rend fou.
Oscar de profundis
Catherine Mavrikakis
Héliotrope 24,95$, en librairie
Le Montréal du futur, où le français a été éradiqué, est à l’agonie : le centre-ville n’accueille plus que des hordes de miséreux, qui se meurent d'une nouvelle peste noire dans l'indifférence générale. De retour dans sa ville natale pour deux concerts, le chanteur Oscar de Profundis, à la fois dieu et ange de la mort, est visité par des spectres alors que la révolte gronde au-dehors. Mavrikakis séduit avec ce récit riche de symboles, violemment cynique, brillant d’un éclat noir qui révéle les préoccupations profondes de l’écrivaine.
Anna
Niccolo Ammaniti
Grasset 29,95$, en librairie
Un virus – encore! – a emporté tous les adultes d’Europe. Ne reste que les enfants…et ceux-ci devraient succomber à la maladie quand ils vieilliront. En Sicile, Anna s’occupe comme elle peut de son jeune frère, mais quand celui-ci disparaît, la petite part à sa recherche dans ce monde hostile où les chiens errants et les bandes d’enfants sauvages sont peut-être les moindres menaces. On pense beaucoup à The road dans le traitement rêche et impitoyable du genre post-apocalyptique d’Ammaniti. Poignant à l’extrême.
Le prix de la chose
Joseph Elfassi
Stanké 22,95$, en librairie
« Louis est un gros cochon sale qui veut juste baiser », voilà pour la description du protagoniste du premier roman de Joseph Elfassi. Le seul hic : toutes les femmes exigent désormais une rémunération pour l’acte sexuel. Pire, un liquide mis en circulation par une organisation mystérieuse tue les violeurs! T.S. Eliot avait raison d’écrire que le monde finirait dans un gémissement… Beaucoup de plaisir à lire cette dystopie mettant en relief avec originalité toutes les forces en jeu dans l'acte sexuel, bien plus qu'une simple partie de jambes en l'air!