Le rapport des humains au rêve et à l’argent est au cœur de La liste de mes envies, best-seller écrit par Grégoire Delacourt, dont l’adaptation théâtrale est présentée depuis peu au Rideau Vert.
Jocelyne Guénette est un petit bout de femme de 47 ans, propriétaire d’un atelier de boutons et de tissus, mariée à un Jocelyn avec une face de Jocelyn, amie de jumelles esthéticiennes et auteure d’un blogue sur le tricot qui enflamme les Internet.
Si ce n’était de la présence de ses deux amies fofolles et du succès que suscitent ses états d’âme de tricoteuse, elle serait le portrait type de la femme banale, peu confiante en elle, dénuée d’ambitions, heureuse, mais pas tout à fait, incapable de rêver et encore moins de sortir de sa condition. Imaginez un peu comment une personne comme elle réagit au gros lot, à la piscine de billets verts et à tout ce qu’elle pourrait découvrir si elle osait nagez pour se rendre sur l’autre rive!
Prise au dépourvu, elle repousse l’encaissement du chèque, choisit de continuer sa vie et tente de se convaincre que son quotidien la comble, tout en craignant la réaction des membres de son entourage s’ils découvraient son nouveau statut. Le questionnement est légitime. L’argent change les gens, la richesse indispose et génère d’innombrables malaises. On ne peut s’opposer à cette prémisse. Mais quelque chose cloche dans La Liste de mes envies.
Le problème est loin d’être du côté des acteurs. Marie-Chantal Perron (Jocelyne) est totalement investie, juste, touchante et drôle. Steve Laplante (Jocelyn) est charmant. Anick Lemay et Tammy Verge (les jumelles Luce et Lucie) insufflent un vent de fraicheur chaque fois qu’elles apparaissent, grâce à leur bonhommie, leurs personnalités campées et leur total laisser-aller. Mention d’honneur à Tammy Verge qu’on a envie de demander en mariage, dès qu’elle parle ou qu’elle met à profit son non verbal d’une éloquence hilarante.
Mais voilà, ces deux belles folles sont nécessaires aux spectateurs qui assistent au dilemme intérieur de Jocelyne, à ses tourments, ses doutes, son quotidien et sa petite vie. Universelle, certes. Mais aussi très banale. Et comme la matière première du roman et/ou l’adaptation de Maryse Warda ne contiennent pas la profondeur et le supplément d’âme qu’on ressent, par exemple, lorsque Michel Tremblay écrit sur les petites gens en sublimant leur quotidien, on en vient à s’ennuyer par moments. Juste un peu.
« La liste de mes envies » est présentée au Rideau Vert jusqu’au 12 novembre 2016.