Je suis super privilégiée: j’ai eu la chance de voyager. Pas tant que ça pour certains, mais pas mal selon moi. J’ai gouté du gallo pinto au Costa Rica, un currywurst à Berlin, des sandwichs aux čevapi en Croatie, des braais sud-africains, des pattes de poulet en Chine – et j’en passe, parce que je ne suis pas si show off que ça.
Quand je pense aux étampes dans mon passeport, j’me sens gras dur, super chanceuse. Assez jeune, j’ai réalisé que voir le monde était pour moi une priorité. Avec la prolifération massive des plateformes Internet déployant des offres de vols bons marché, il est plus facile que jamais de dénicher des deals pour aller seiner un peu partout à travers la planète. Hallelujah!
Récemment, ça m’est encore arrivé. En me réveillant, j’avais un courriel d’une de ces compagnies : « Chère Garance, je sais que ce n’était pas dans tes plans de voyager dans un avenir rapproché, principalement à cause de ton portefeuille serré, mais j’ai une offre toute spéciale pour toi de laquelle tu ne peux te priver. Come on, 600$ pour aller en Indonésie. Enwèye. »
Puisque je suis particulièrement influençable, et qu’effectivement mon site web pref' de billets pas chers me faisait une fleur : j’ai flanché. Ce vendredi matin là, spontanément, je me suis procuré un vol pour le pays de la plongée, des orangs-outans et de Eat, Pray, Love.
Source : Giphy
Ceci s’est produit en mai.
J'ai quitté dimanche.
Mine de rien, ça fout la chienne, partir… Une chienne excitante d’amorcer une aventure remplie de surprises de laquelle on ressort grandit et toujours un peu changé ; mais pareil.
Pour moi, c’est toujours un peu bizarre, partir en voyage. Je ne m’en rends pas compte jusqu’à ce que je sois là-bas – même pas à la clinique du voyageur, même pas quand mon sac 60L traîne sur mon plancher, même pas dans l’avion à me faire gaver aux deux heures.
Déjà, je ne suis pas du genre à trop planifier. Je m’informe, certainement : quels sont la devise, le taux de change, les règles de bienséances, la situation politique, le climat, etc. Par contre, selon moi, créer un itinéraire de toute pièce ne vient que brimer le yolo possible sur place et puisque je voyage seule, j’aime bien me laisser guider par le vibe, mes nouveaux amis, les hôtes des auberges de jeunesse et parfois même des gens de l’endroit qui me réfèrent à des spots moins parcourus par les touristes.
Le plus important en voyageant, surtout en solo, c’est d’écouter son instinct. Si tu pressens que quelque chose est shady, ce l’est probablement. Faut se faire pousser des antennes, aiguiser son GBS a.k.a. son gros bon sens. Il s’agit d’être à l’affût et de se sentir en contrôle malgré le lâcher-prise qu’apportent des orteils enfouis dans le sable.
À moi les haltes interminables où j’incarnerai ma version de Tom Hanks dans The Terminal ; à moi l’intime et ultime confrontation d’être seule à seule pendant trois semaines ; à moi la fébrilité d'être pitchée dans un environnement où je n'ai aucun repère ; à moi les plats de nasi goreng !