Mois de novembre, une heure de sommeil en plus pour une heure de lumière en moins. La saison de la déprime saisonnière peut officiellement commencer. Blaaahhh. Au moins, novembre se fait généreux niveau cinéma (c’est déjà ça). En attendant la neige, 11 films sans neige. Gros plus, on te balance cinq documentaires vus et aimés, présentés aux RIDM qui débuteront ce 10 novembre au soir. La liste va comme suit :
S P E C I A L R I D M :
Pour enfin démystifier la chasse aux phoques – pour ceux qui doutent de sa légitimité. En territoire Inuits, dans la communauté de Kimmirut, terre natale d’Alethea Arnaquq-Baril qui prend sa caméra pour montrer la vérité derrière la culture de la chasse aux phoques. Chasse qui ne cesse de frapper des murs pour se faire bloquer que ce soit par l’Union européenne ou une bande d’activistes, trop souvent ignorants, qui se permettent de fausse représentation de la chasse pour en entacher l’image. Le lobbying pour stopper la chasse aux phoques est fort et lourd en conséquence. Le documentaire retrace les origines de cette chasse jusqu’à aujourd’hui, souligne sa pratique importante et laisse parler ceux qui la pratiquent. Un travail noble injustement réprimandé.
Un an de vie au sein d’une famille chinoise issue de la classe ouvrière. Le sobre documentaire de Shengze Zhu sans artifice, qui capte l’instant du repas. Exercice qui se déroule une fois par mois sur 13 mois, présenté en différents plans séquence fixes. Une absence de manipulation par le montage nécessaire dans le but de faire transcender une certaine vérité par l’image. La perception du temps qui passe pour intensifier l’expérience du spectateur devant le quotidien sans artifices de cette famille, perception qui oblige à se questionner sur l’image montrée. Des fragments de réalité sur trois heures pour souligner les failles d’un pays en pleine expansion qui exploite durement ceux en bas de l’échelle. Une voix pour montrer ces groupes de la société, sous-représentés, que notre conception du capitalisme ne se gêne pas pour les transformer en outils exploités dans un but de rendre une classe sociale plus aisée confortable. Le paradoxe déprimant de l’humanité.
Incursion dans le monde des touristes qui visitent un camp de concentration. Ceux qui se déplacent sur les lieux pour observer l’histoire sont observés. Esthétique en noir et blanc, une succession de plans séquence fixes – pas le choix pour bien observer. La question se pose devant ce traitement que notre société moderne accorde à ces lieux souillés par la souffrance, le mal et le sang, transformés en parcours touristiques. Les gens circulent, caméra au cou, cellulaire à la main, se mettant sans gêne en scène avec un traitement parfois trop loin du respect devant l’histoire. Regard sur notre fascination de la souffrance et sur notre manière de consommer avec une totale indifférence. Nous ne sommes pas des êtres insensibles, nous le devenons. Comment? Sergei Loznitsa observe.
En pleine banlieue torontoise, une famille de réfugiés Roms, sont en plein processus d’acception avec immigration Canada. En même temps, se joue devant nos yeux, comme une sorte de making of, le fantastique film imaginé par les parents de cette famille. Un jeune garçon qui lentement se transforme en oiseau. La réalité se mêle à la fiction. La construction du film qui prend place dans le quotidien de cette famille, qui témoigne de la vie derrière les murs de l’immense building en banlieue de Toronto. Leurs vies avant le Canada, leurs vies maintenant. Les difficultés de l’immigrant avec tout le stress engendré. Une réalisation de Nicolás Pereda et Andrea Bussman, avec la beauté d’une image pellicule en noir et blanc. Les moments d’évasion ne peuvent durer en moment de difficulté. La réalité rattrape trop souvent pour salir le rêve de ceux qui n’ont plus rien.
Deux voix nous racontent un sombre passage de leur vécu. Miriam raconte son enlèvement, le temps à l’intérieur, l’horreur et sa vie qu’on lui a arraché, malgré sa liberté retrouvée. Adela raconte la disparition de Monica, sa fille. Dix années passées depuis sa disparition. L’attente d’une mère désespérée qui trouve une force de continuer. Des voix qui parlent avec une retenue de la douleur. Pour accompagner, des images d’une beauté qui se posent comme un silence obligé autour de la parole de ceux qui ont été touchés. La réalité sauvage d’un Mexique corrompu aux plus profonds des racines de ceux qui ont les pouvoirs. Les victimes survivantes dans ce climat de peur imposé. Pas de sensationnalisme dans sa forme filmique, seulement les coeurs qui parlent et constatent leur vie.
Novembre au Cinéma :
Doctor Strange – 4 novembre
Benedict Cumberbatch qui délaisse les habits de Sherlock pour se transformer en super-héros. Marvel veut se faire pardonner sa négligence derrière le plus récent X-Men et met sur la map une des figures plus effacées du monde des super-héros. Dans un film d’action dirigé par Scott Derrickson (The Exorcism of Emily Rose), la transformation du Docteur Stephen Strange en Dr. Strange. L’apprenti sorcier qui se fait enseigner le maniement de ses pouvoirs par une chauve Tilda Swinton. Chiwetel Ejiofor entre le bien et le mal. Des combats avec les méchants.
Gimme Danger – 4 novembre
Iggy Pop and The Stooges à travers la caméra de Jim Jarmush (Only Lovers Left Alive). Discussions avec les membres du band, leur entourage, pour retracer l’histoire de leur rock sale, semant controverse et passion sur leurs passages. Longue vie au rock.
Mal de Pierres – 4 novembre
Nicole Garcia (Un Balcon sur la Mer) créer l’instant d’un film le couple Cotillard-Garrel, dans une romance au penchant bourgeois. Gabrielle (Marion Cotillard) vie en campagne. Ses parents possèdent les terres exploitées. Elle a un penchant pour la consommation à l’excès de ses émotions. Un mariage forcé pour la calmer. L’échec du calme la dirigera en centre psychiatrique. Une rencontre avec un soldat (Louis Garrel). Le coeur bat à grand coup d’amour, mais d’un amour compliqué. Rien d’impossible pour Gabrielle qui se dévouera à ne pas faire de sa vie un échec.
Moonlight – 11 novembre
Trois périodes de l’âge pour un homme issu d’un quartier défavorisé de Miami, straight from the ghetto. Trois périodes pour couvrir l’épanouissement et l’acceptation de sa sexualité. Chiron aka Black (Trevante Rhodes) doit comprendre son homosexualité. Le gay thug, une version sous-représentée du gay avec toute la complexité qu’implique un coming out dans notre société qui s’amuse à standardiser l’image et l’orientation sexuelle. Premier film pour Barry Jenkins.
Arrival – 11 novembre
Les extraterrestres nous rendent visite. Une professeure de linguiste (Amy Adams) se fait approcher par un colonel de l’armée (Forest Whitaker) pour tenter de déchiffrer le langage de l’inconnu. Un physicien (Jeremy Renner) se joint à l’équipe. Le travail de rendre compréhensible l’incompréhensible en temps d’invasion extra-terrestre. Les différents pouvoirs qui se confrontent. Denis Villeneuve (Sicario) réalise cette rencontre du troisième type.
Loving – 11 novembre
Lever un doigt d’honneur devant l’ignorance de tous ceux qui voient une différence, là où il n’y en a pas. Un couple en Virginie se marie. 1958. La femme est noire (Ruth Negga), l’homme est blanc (Joel Edgerton). Un geste aux lourdes conséquences dans une société qui ne cachent pas son racisme. Une histoire encore trop près de notre réalité, qui trouve dans ses sombres fondements encore trop de personnes qui se permettent de dicter une fausse morale remplie de préjugée. Mais rien et personne ne peut empêcher deux personnes qui s’aiment de s’aimer. Le nouveau film du grand Jeff Nichols (Midnight Special).
Elle – 18 novembre
L’histoire d’une victime d’un viol. Sujet délicat mis en scène par un homme, Paul Verhoeven (Basic Instinct), et incarnée par la très aimée actrice Isabelle Huppert. Un certain scepticisme peut s’installer devant le traitement de ce crime traité en thriller, mais apparemment que le résultat final ne tombe pas dans le vulgaire et le mauvais goût. Reste à se faire son idée devant ce film qui en est arrivé à faire unanimité devant la critique qui s’unit pour crier au chef-d’oeuvre.
Pays – 18 novembre
Besco, une fausse île au large du Canada pour placer le deuxième film de Chloé Robichaud (Sarah Préfère la Course). Une crise économique frappe l’île. Sa présidente entame des pourparlers avec le Canada. Trois femmes se croisent et prennent place au centre du débat (Macha Grenon, Emily VanCamp, Nathalie Doummar). Un saut dans le monde politique dans une approche montrant la face publique et intime de ses joueurs.
Allied – 25 novembre
Marion Cotillard et Brad Pitt sur le même écran filmé à travers la caméra de Robert Zemeckis (Cast Away). Deux espions qui se rencontrent en mission. Pitt devient Canadien pour l’occasion et Cotillard reste française. Le couple fondera une famille, mais en période de deuxième guerre mondiale, chacun se fait suspicieux de l’autre, les poussant à tenter le tout pour le tout pour révéler la transparence de leurs identités. Inspiré d’une histoire vécue.
Manchester by the Sea – 25 novembre
Lee doit retourner d’où il vient, après s’être retrouvé avec la garde de son neveu. Retrouver les paysages, les lieux qu’il a quittés. Film de Kenneth Lonergan (Margaret). Casey Affleck incarne Lee, l’homme au passé trouble qui se livre combat avec son intérieur.
Quand On A 17 Ans – 25 novembre
André Téchiné (Les Témoins) revisite le moment de l’adolescence – voir Les Roseaux Sauvages du même réalisateur. Damien (Kacey Mottet Klein) et Tom (Corentin Fila) se confrontent et avec violence entre les murs de l’école. La mère de Damien (Sandrine Kiberlain) s’en mêle. Des confrontations qui les mèneront vers un rapprochement.
Bon cinéma!