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«À la douleur que j’ai» de Virginie Brunelle: un spectacle troublant, mais tellement beau!
Crédit: Courtoisie
Bon alors déjà pour commencer, non, Virginie Brunelle n'est ni ma sœur ni une cousine éloignée. Ce qui va suivre est donc tout à fait objectif.

À la douleur que j'ai, phrase tirée d'un poème de Nelligan, est, malgré son titre, plus doux que les précédents spectacles de Virginie Brunelle. Elle le dit elle-même, elle l'a fait moins long, moins dur pour ses danseurs aussi. Elle y explore la douleur sous plusieurs formes. Moi j'y ai vu de la douleur amoureuse, familiale, amicale. J'y ai vu des corps mous, comme des élastiques, capables de mouvements précis exécutés avec brio, des corps tendres, enlacés, des corps impossibles à détacher, j'ai vu six danseurs ne faire qu'un, j'ai vu une danseuse être l'ombre d'une autre et j'y ai cru.

À la douleur que j'ai, c'est plusieurs tableaux. Tous les danseurs ne dansent pas forcément en même temps – quand ils ne dansent pas, ils sont sur les côtés, dans l'ombre, et regardent ce qui se déroule dans le cercle de lumière. Ils sont soit neutres, soit dans des positions qui rappellent les poses qu'on faisait prendre aux familles devant l'appareil photo au début du XIXe. On les croirait un peu voyeurs de l'intimité de ce qu'il se passe dans la lumière.

Et dans la lumière, des duos, des trios. Je pense que tout le monde peut y voir ce qu'il veut. Moi j'y ai vu des couples qui ont du mal à s'aimer, des couples qui ont du mal à se séparer. J'ai vu des corps capables d'exprimer le mal-être qu'on peut parfois ressentir dans notre tête. C'est beau et c'est troublant!

Crédit photo: Eva Brunelle
Parlons des choix musicaux. De la musique classique, de l’opéra, et seulement des airs que tout le monde connaît — on n’est pas capable de les nommer, mais on pourrait les fredonner. C’est un choix délibéré de la chorégraphe, qui a expliqué lors de la discussion post-spectacle qu’elle aimait choisir des morceaux connus et iconiques, qui parlaient à tout le monde et rappelaient des souvenirs. Moi j’ai trouvé ça beau, j’adore le contraste de la musique classique avec la danse contemporaine !

Il y a aussi des moments de silence. Tu entends les danseurs respirer, les coups de leur corps sur la scène. Je pense que Virginie Brunelle joue avec ces moments-là, avec le malaise que ça peut parfois créer. Il y a un moment où deux danseurs sont assis et nous regardent avec un grand sourire pendant plusieurs secondes. Dans un silence absolu. C’est un peu gênant ! Ça tousse, ça rit, ça se racle la gorge, bref on fait du bruit pour combler l’absence de musique. On est regardé, scruté, pis on n’aime pas tant ça !

Pour cette création, Virginie Brunelle s’est fait aider d’une dramaturge, Stéphanie Jasmin. Jusqu’à la fin, elle a aidé les danseurs à travailler leur regard, leur être lorsqu’ils ne dansent pas. La chorégraphe a expliqué que c’est probablement grâce à cette aide qu’elle a réussi à faire un spectacle plus calme que les autres, plus court.

Tu l’auras compris, moi j’ai trouvé ça bien beau. Alors si ça te tente, c’est jusqu’à samedi à l’Usine C ! 

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