La game. Ugh.
Ça fait des années que j’haïs ce terme-là. Un jeu? Sérieux ? Mon petit cœur, y’en a vu d’autres, mais rien qui ressemble à des serpents et des échelles, ou à Colonel Moutarde dans le corridor d’un manoir.
Vendredi dernier, dans un bar, ma copine Jenny me parle de son nouveau gars Tinder. Elle, c’est pas tant le genre de fille qui aime texter. « Ok, c’est ben beau tes voyages, pis la fois que t’as rencontré Win Butler dans un sous-sol d’église, mais là on peut-tu aller prendre un verre ? » Et parce qu’elle pense comme ça, pis parce que pour elle, la chimie entre deux personnes, en vrai, face à face, c’est ben plus révélateur que la fois où t’es allé en Équateur, ben elle s’est fait mettre l’étiquette « d’intimidante ».
Là, les garçons, on va se dire une chose : si la fille fait toutes les asti de démarches, pis que malgré votre conversation qui n’est pas plus privilégiée que celle qu’elle entretient avec le next guy sur sa liste, elle veut quand même te rencontrer, tu ne lui dis pas « ouf, t’es intimidante », tu lui dis « damn right que je suis disponible, pis merci pour l’opportunité ».
C’est pas un secret, les hommes québécois ont la réputation d’avoir un handicap d’approche, mais expliquez-moi quelqu’un ce qui se passe dans le cerveau du gars qui va s’amputer une bonne baise parce que la fille a OSÉ penser que c’était correct, après deux jours de bla bla, de lui proposer d’aller boire de l’alcool en le regardant dans les yeux. Voyons. C’est quoi là, tu envisages lui faire la cour pendant quatre mois? Tu veux une invitation postale pour une valse au royaume de la seigneurie du seigneur ? Criss, veux-tu ou veux-tu pas get laid ?
Ma chère Jenny, mon amie soit disant trop « forward », a, elle aussi, lu le fameux article de nos amis chez Urbania, qui relate la recherche d’Aziz Ansari sur les relations et la dite game qui, en gros, précise qu’elle est bien présente et que celui qui ne la joue pas, s’en retrouve perdant. Après avoir vu mes amies célibataires se faner une après l’autre, j’ai pas pu m’empêcher d’y ajouter mon grain de sel.
C’est clair que quelqu’un qui répond toujours right away à ses textos, c’est louche, pas tant parce qu’y’est soit disant trop disponible, mais parce que voyons donc que t’as pas une vie où tu fais des affaires des fois avec PAS ton téléphone au bout des doigts ! À tout le moins, tu dois ben prendre une douche une coupe de fois par semaine, pis j’ose espérer que tu respectes assez ta mère pour ne pas sexter pendant que tu soupes avec elle.
Après, personne ne veut dater quelqu’un de trop fan. Le « fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis, » c’est vieux comme la Terre, pis oui il existe, mais de là à dire que c’est ça la game pis qu’il faut absolument y adhérer pour s’en sortir indemne, ah ben là, moi je dis que non. Pis je fourre pareil.
Ce qui est triste, c’est qu’on est victime de ce qu’on s’impose, pis à jouer comme ça avec quelque chose d’aussi fragile, on finit par se faire des accroires débiles qui ne reflètent pas, mais pas fuck all, la réalité.
Le résultat ? Une génération Tinder qui ne sait pas comment gérer ses shorts, un chercheur qui nous dit que 8 minutes, c’est le délai idéal de réponse texto si tu veux te marier, et une petite tape dans le dos pour la route. Bonne fucking chance.
Fait qu’on peut-tu se dire que la game a elle aussi rendu l’âme en 2016 pour cause d’une overdose de « Biiiiiiiiiiiiiiiie » ?