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Le Détesteur: manifeste pour que les hommes blancs cessent de s’habiller mal
Crédit: Murphy Cooper

J'aime beaucoup me moquer des habitudes vestimentaires de l'homme blanc. Dernièrement, je m'enquérais auprès de mes abonnés, par banale curiosité : mais où donc les hommes blancs dénichent-ils leurs vêtements qui semblent être restés coincés en 2003? J'étais sérieux et… quand même un peu condescendant. Je m'explique mal le « phénomène ».

C'est vrai, comment autant d'hommes peuvent finir par s'habiller de la même manière, c'est-à-dire, pantalons cargo beige, chemise à carreaux d'informaticien, souliers de randonnée couleur terre et/ou t-shirt bleu cobalt qui tire sur le noir, alors que les boutiques de vêtements pour hommes ne font plus la promotion de cet horrible look depuis des lunes? Ceci est pour moi un grand mystère.

Je me disais qu'ils avaient alors à redoubler d'efforts seulement pour pouvoir arborer le look neutre, boring et fade, qu'ils devaient passer, sans même daigner tourner la tête, devant toutes ces vitrines derrière lesquelles des mannequins ont été soigneusement habillés en fonction des dernières tendances.

Pour être hyper-franc, je ne m'attendais pas à ce que ma question obtienne réponse. À mon grand étonnement, ce sont les filles, exaspérées, qui ont répondu à la place des gars. On m'a dit : L'Équipeur, Costco, Sports Experts, Tigre Géant et Walmart. L'une d'elle aime à appeler ce style : le look Point Zero. Ça m'a pris 20 ans avant de finalement connaître le « secret le mieux gardé » de l'homme blanc. Il s'habille chez Costco. Avoir su. Quel mauvais homme blanc je fais.

Comme chaque fois que je me moque de l'attriquement du basic white cis male, il y a du pleurnichage qui se donne et des larmes qui ruissellent le long de quelques joues. « Pis toi, Cooper, tu penses vraiment que tu t'habilles mieux? ». Oui. Sans aucun doute. « Ouin mais moi au moins j'ai d'énormes poches qui me permettent de tout mettre dedans! ». Bien essayé. Mes vestons me permettent la même affaire.

Le « look Point Zero », comme l'appelle cette fille, est un intouchable. C'est bien le seul à ne pouvoir être atteint et c'est ça qui me dérange. L'homme blanc ne semble ni vouloir s'adapter à l'époque en cours, ni n'entend rire de lui-même. Pourtant, tout le monde y a un jour goûté.

Collectivement, on a ri des gens qui se font bronzer en cabine, on a ri des douchebags qui arborent la marque Ed Hardy, on s'est sérieusement foutu de la gueule des filles blanches qui s'abandonnent dans la saison automnale à grands coups de café Starbucks, de manteau Canada Goose et de bottes Ugg. On s'est approprié le style de diverses cultures à l'Halloween ou à des fins crissement racistes.

On a tourné au ridicule les adolescents qui portent les pantalons en bas des fesses. On a parodié les goths et les punks dans la culture populaire. On a slutshamé les filles qui portent des vêtements qui en révèlent « trop » et diabolisé le legging et le g-string. 

Tout le monde finit par se moquer de lui-même, joue le jeu, accepte, s'adapte et passe à autre chose. Les « basic white girls » n'en ont pas fait un cas puisque de toute manière elles avaient déjà en tête la prochaine tendance. Personne ne s'accroche à un style aussi longtemps. Y a juste toi.

Et là, je t'entends déjà chigner. NON, ça ne veut pas dire qu'il te faut dépenser une fortune en vêtements de marque. Je suis certain que mon linge me revient à trois fois moins cher que le tien. Ça veut seulement dire que la prochaine chemise que tu comptais te procurer de toute façon peut être d'une autre couleur que fucking beige ou khaki. Tu peux apprendre à la boutonner également. Et la rentrer dans tes pantalons. 

Tu peux bien taxer les gens d'être superficiels, mais en fait, tu l'es probablement sans t'en rendre compte. Tu ne te plains pas que les femmes ou les hommes prennent soin de leur apparence, pas vrai? Je suis certain que ça t'arrange. Ce qui te fait croire que tu n'es peut-être pas superficiel, c'est que personne ne t'a encore menacé de cesser de faire des efforts pour bien paraître.

Tu profites sans jamais contribuer à ton tour. Tu prends mais ne donnes pas. Tu juges sévèrement ceux qui osent mais tu ne te mets jamais toi-même en danger. 

Crisse-moi donc tes shorts cargo aux vidanges, je t'en prie. 

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