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Le ballet Vendetta nous plonge avec brio dans la mafia de Chicago
Crédit: Sasha Onyschenko
C'est avec le sourire aux lèvres que nous sommes sortis de ce ballet multi-tâches. Il ne s'agit pas d'un ballet linéaire classique, mais d'une histoire contée parfois sous forme de spectacle musical, parfois sous forme de théâtre de mimes, et d'autres fois encore comme une comédie romantique. C'est un scénario authentique qui se dessine devant nos yeux, un film en temps réel que nous découvrons avec joie. 

Sous la demande de Ivan Cavallari, directeur artistique des Grands Ballets, c'est Annabelle Lopez Ochoa qui a réalisé cette prouesse de nous garder en haleine, plus de deux heures durant. L'histoire se passe à Chicago et présente trois clans de la mafia. Elle a pour protagoniste le parrain Carbone, Marcin Kaczorowski, et sa famille, plus spécifiquement sa fille adorée Rosalia, la brillante Anya Nesvistaylo. Ce clan, de rouge vêtu, est tout à la fois sanglant, cruel, protecteur et chaleureux.

Tout commence avec l'entrée d'un chanteur de cabaret, Matthew Cluff, déluré et ensoleillé, qui donnera le ton de la pièce, déroutante de bout en bout, attachante et spectaculaire.

La première partie du ballet se concentre surtout sur le clan Carbone et l'union de deux familles rivales au travers du mariage de la fille du parrain. Le mariage sera l'occasion d'un meurtre et débouchera ainsi sur la narration dansée d'un univers cruel fait de vies rues, familiales, de repas autour de pastas, et de complots à Las Vegas sous fond de sexe, drogue et argent.


 
La deuxième partie nous conte la renaissance de Rosalia comme Parrain suprême et donc sa découverte du monde violent qu'elle côtoyait jusqu'alors sans jamais le comprendre. On découvre alors l'affirmation d'une femme de pouvoir, bouleversée par la féroce mafia qui incarne les bouleversements de la société de cette époque. La Vendetta est une vengeance, la revanche jusqu'au crime, entre clans ennemis et nous avons été les spectateurs ébahis de ce récit vivant.

Entre lourdeur et candeur, fureur et douceur, ruptures et mariages, assassinats et naissances, le portrait est complet. Au sein de cette intense fougue, quatre ombres planent sans cesse sous une menace, nous rappelant que la mort fait ici partie intrinsèque de la vie mafieuse, et qu'elle est avant tout une question d'honneur.

Au-delà de la narration en elle-même époustouflante, nous avons été subjugués par les décors qui nous emmènent à la campagne, en ville, dans un train, en voiture. L'immersion est totale, les jeux de lumières nous ravissent. La musique, aux accents si italiens, a réussi à jouer l'équilibre de l'intensité et de la frivolité.
 
Tout, assolutamente tutto, traduisait à merveille l'Italie, la Sicile, Napoli, Chicago et ses familles, ses sourires, ses cris, ses pleurs et ses liens. Coup de coeur évidemment pour les tableaux dansés, tout en couleur et en rigueur. Chapeau pour les danseuses, sur pointes, qui montraient tant de facilité que cela en devenait déconcertant. Bravo aux danseurs, avec leurs costumes de dandys, qui nous ont fait chavirer par tant de force et d'excellence.

Ce ballet a été notre surprise de l'année, un bonbon acidulé, un bonheur pour les yeux. Bravo, bravissimo à Vendetta! 

Vendetta
jusqu'au 2 juin,
Théâtre de Maisonneuve, Place des Arts

Crédit photo: Sasha Onyschenko.

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